Les vœux du président d’Adrastia pour 2020

Chères et chers adhérents à Adrastia,

Le 30 novembre, lors de notre Assemblée Générale, un nouveau Conseil d’Administration a été élu et dans la foulée, il m’a fait l’honneur de m’élire comme Président. Le 15 décembre, une première réunion du CA m’a confirmé que nous avions le potentiel de former une véritable équipe portée par une ambition commune : faire de notre association un véritable projet d’utilité individuelle et sociale, je dirai même citoyenne, face à un avenir que chacun d’entre nous, et même beaucoup d’autres au-delà de notre petit cercle, envisage comme redoutable.

Lorsque Vincent Mignerot a fondé Adrastia en 2014, l’objectif était de porter haut un fanal dans la nuit du déni généralisé afin d’accueillir et de rassembler ceux qui réalisaient que, dans un avenir relativement proche, bien des choses allaient changer et pas forcément pour le mieux. Nous nous sentions alors en dissonance avec l’époque car la COP 21 allait tout sauver, l’avenir était à une « croissance verte » basée sur un « développement durable » et les grincheux étaient donc priés de se faire oublier. Vincent posa les principes de base qui fondent encore notre engagement. Nous voulions regarder les faits avec réalisme, sans catastrophisme ou sentimentalisme, et nous voulions aussi protéger la seule chose qui, en dernier recours, dépendra toujours de notre seule décision : la dignité humaine.

Lors de la canicule de 2018, les médias de masse ont porté à l’attention du grand public la notion de « collapsologie » issue en 2015 des travaux de Pablo Servigne et Raphaël Stevens et le mot « effondrement » devint quasi-instantanément un « buzzword », contaminant la pensée en France et provoquant une cascade de réactions diverses et contrastées. Tout à coup, croire à la rupture des fondamentaux de notre civilisation ne tenait plus du cas psychiatrique mais redevenait l’objection politique des années 70. Signe des temps, le nombre de nos adhérents a alors crû exponentiellement bousculant l’organisation et le fonctionnement de notre association.

Aujourd’hui, à l’aube de l’année 2020, la perception de la situation a grandement évolué : les COP n’ont pas (encore ?) sauvé le climat, la science a confirmé l’effondrement massif de la biodiversité, la transition énergétique n’est toujours pas apparue et nombre de mouvements objecteurs de croissance manifestent et appellent à la désobéissance civile alors que, d’une façon générale, le climat social semble se dégrader un peu partout dans le monde, comme si chaque nation était plongée dans l’ombre grandissante d’une menace à venir. Pour un peu, on se croirait presque dans les courbes du scénario « Business as Usual » du rapport du Club de Rome en 1972…

« S’adapter ou disparaître » disait Charles Darwin. C’est encore plus vrai dans les périodes de bouleversement. En 2014, nous écrivions qu’Adrastia s’auto-dissoudrait s’il était démontré que nos intuitions étaient erronées, hélas Il semble bien aujourd’hui que notre raison d’être soit plus impérative que jamais. Il nous faut donc en tant qu’association, mais surtout en tant qu’individus et même société, tous évoluer et nous adapter.

C’est pourquoi je souhaite faire du mandat qui m’a été confié, un travail de transformation et rajouter un troisième fondement à Adrastia. Appelons-le « encapacitation » (empowerment en anglais, nouvelle époque, nouveau vocabulaire). Ceci afin de sortir de la stupéfaction et reprendre la main sur le peu qui soit sous notre contrôle, au minimum notre attitude face à l’incontrôlable. Adrastia n’a pas vocation à dicter à chacun ce qu’il doit faire, mais Adrastia peut aider chacun à être en état de pouvoir choisir ce qu’il veut, peut et doit faire.

Meilleure information, meilleure décentralisation de l’action vers les groupes locaux, meilleurs outils pour travailler sur soi… voilà autant de débuts de piste qui s’ouvrent à nous. Cela commencera par une meilleure communication entre nous car même si nous sommes tous des bénévoles accaparés par des vies de plus en plus dévorantes, c’est bien le lien aux autres qui fait notre force. N’est-ce pas, au fond, le sens même d’une association ?

Enfin et pour conclure, je dirais que le bonheur n’est pas la destination d’un long voyage mais plutôt l’état d’esprit du voyageur, c’est pourquoi, malgré les auspices sous lesquels se place mon message, j’aimerais au nom de tous les membres du Conseil d’Administration vous souhaiter à tous nos meilleurs vœux de bonheur pour cette année 2020 (et même ensuite car certains choix durent parfois longtemps). Merci pour votre adhésion renouvelée en 2020, pour votre participation et soutien, merci d’être avec nous.

Laurent Aillet

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