Lettre à ma chère Transition Énergétique

Chère Transition,

Je viens à toi car BP World Energie vient de sortir ses chiffres pour l’année 2018. C’est l’occasion de prendre des nouvelles d’un peu tout le monde et je commence par toi, ma chère et tendre Transition Énergétique.

Comment vas-tu ? Tu as l’air en forme en tout cas. Tu cours partout et tu es sur tous les papiers les plus importants du monde. J’ai vu également qu’on te citait dans beaucoup de discours. A ce qu’on m’a dit, on marcherait même dans toutes les villes du monde pour te rencontrer et que certains feraient carrément péter les cours… Je te félicite. Je savais qu’un jour tu deviendrais « quelqu’un » comme on dit, mais quand même, grand bravo pour tout ce que tu accomplis. Je suis vraiment fier de te connaître et de faire partie de tes plus proches amis.

J’ai vu que tes petits derniers, Solaire et Éolien, se portaient à merveille. Vise un peu :

Dingue ! En l’espace d’un an, de 2017 à 2018, Solaire et Éolien ont grandi respectivement de 28.9 % et 12.6 %. Qui l’eut cru. Je ne vais pas te renouveler mes félicitations si promptement, on pourrait croire que je suis follement amoureux.

Tu ne m’en voudras pas d’être aux petits soins et légèrement intrusif, mais j’ai regardé leur potentiel de production. C’est vraiment incroyable. Regarde ce que j’ai trouvé :

Les courbes sont magnifiques. Je suis tellement tout en joie de voir que tu vas bien chère Transition.

Bon tu t’y attends. On ne peut pas toujours parler des bons côtés. En tant qu’ami de longue date, je me dois de te parler des choses qui fâchent. Abordons le sujet de ton ado pré-pubère, Nucléaire.

Je sais bien qu’il n’irradie pas le bonheur autour de lui. Mais quand même, il fait ce qu’il peut. N’oublie pas qu’il t’amène un confort dont tu pourrais difficilement te passer, du moins de gré, tout en minimisant ton empreinte carbone. Ce n’est pas à toi que je vais apprendre que tu en as grandement besoin.

Oui il produit des déchets, c’est certain. Je ne le nie pas. Mais regarde la vérité en face ma grande amie. Tu verras que tes petits derniers, ils sont pas mal niveau déchets et émissions carbone. Mais bon, je sais je sais, n’allons pas pique-niquer tout de suite au Mordor.

On parle, je te félicite, te congratule et j’en oublie les plus grands. Comment vont-ils ? La dernière fois, ils étaient en pleine crise de la quarantaine. Ils continuaient de faire les grands enfants en essayant de croître toujours plus et d’explorer le monde. Tu m’avais dit vouloir les calmer, qu’ils étaient limite hyper-actifs.

J’ai donc été surpris de découvrir leur dernière silhouette. Je pensais, chère Transition, que tu avais un peu d’emprise et d’influence sur tes morveux, même les plus grands. Je te laisse juge :

Enfin surpris, oui et non. Par ces temps de dépression, mon psy me dit que c’est bien d’avoir une amie imaginaire à qui parler. Que cela peut me faire du bien, que cela peut m’ancrer dans le réel. Cette photo de tes grands enfants est donc une bénédiction pour moi et me montrent bien que tu n’existes pas chère Transition. Donc quelque part, je ne suis pas si fou. C’est rassurant.

Allez, je te laisse sur cette belle petite photo de famille. Je t’embrasse et je te dis à bientôt.

PS : Avec tout ça, j’ai oublié de te donner de mes nouvelles. Le médecin m’a dit que tout était sous contrôle. Depuis le temps, tu sais que des fois j’en fais un peu trop. En tout cas, mon état est plutôt stable. J’alterne le chaud et le froid, c’est un petit peu plus violent à chaque fois mais je gère et mon CO2 croît toujours. Mais bon, ça va non ? Il y a pire je crois. Si j’ai bien redescendu vers les 2050, ça devrait aller mieux. J’ai le temps, ce n’est jamais que demain.

Je te laisse pour de bon. Embrasse tout le monde. Cela m’a fait du bien de t’écrire, c’est comme si tu existais vraiment. J’ai hâte de raconter tout ça à mon psy.

Gros bisous Transition ❤,

Ta Planète.

source des données : https://www.bp.com/en/global/corporate/energy-economics/statistical-review-of-world-energy.html

Article original de Sébastien Morizot reproduit avec l’autorisation de l’auteur.

8 comments on “Lettre à ma chère Transition Énergétique”

  1. boyer dit :

    On se rassure et on change pas de cap !
    l’éolien et le solaire pour rester dans le déni ?

  2. Lyokolux dit :

    Eh attendez, mais il n’y a aucune **transition** là. Serais-t-elle une fake news ?

  3. HHK dit :

    N’est-ce pas aussi la population humaine qui a crû entre 1965 et 2018 ?

  4. Jean dit :

    L’augmentation régulière de la consommation d’énergie est déjà une catastrophe en soi. Un gros travail d’information reste à faire (merci Adrastia), qui doit être relayé, pour être efficace, par les institutions (mairie, département, région, état). Mais un travail tout aussi important de préparation psychologique et spirituel est indispensable, afin que l’information sur l’état matériel ne débouche pas sur la dépression, la colère, le nihilisme, et finalement l’absence d’action constructive. Dans son ensemble, la population est insuffisamment informée et pas du tout préparée au choc non seulement physique mais aussi psychologique qui approche à grands pas. Le deuil des illusions d’une croissance continue et de la pérennité des institutions pourvoyeuses de sécurité n’est pas une mince affaire. Au moment de l’effondrement concret, il sera trop tard pour s’y préparer. Et cette non préparation peut engendrer, ou aggraver, le chaos social. A mon sens, ce chaos social est bien plus dangereux et meurtrier que les pénuries à venir. D’où la nécessité d’une préparation psychologique : deuil, exploration des émotions négatives liées à la perspective d’effondrement, échanges verbaux, lien social… Pour l’aspect spirituel, il me paraît évident : si la vie n’a pas de sens, alors à quoi bon survivre ? Le sens est à la fois le porteur et le ciment de la préparation psychologique et des actions matérielles qui vont en découler.

  5. IEA dit :

    Si l’article traite la consommation d’énergie fossile par rapport à celle de renouvelable, pourquoi ne pas compter la première source d’énergie renouvelable mondiale à savoir la biomasse ? (1350 mtoe en 2016 – AIE)

    Il manque également l’hydraulique (361 mtoe en 2016 – AIE) qui est devant l’éolien.

    Ces informations ne changent pas le fond de l’article – la consommation de fossiles est loin devant celle de renouvelables – mais réduire l’énergie renouvelable au solaire et à l’éolien participe à l’incompréhension généralisée du grand public, déjà très bien entretenue par les principaux médias.

  6. LEMOINE GILLES dit :

    Tout à fait en accord avec votre post. La non-préparation aux mutations que suppose la raréfaction des ressources notamment énergétiques est plus importante que la raréfaction en elle-même.
    Comme les exactions issues de la doxa écologiste, visant à prélever 121 milliards d’euros sur les factures d’électricité des français pour financer une forêt d’éoliennes et de champs photovoltaïques dont on sait d’ores et déjà qu’ils ne diminueront pas l’émission de CO² du moindre g.

  7. Proxima P dit :

    Chère petite planète bleue, ça m’a fait plaisir d’avoir de tes nouvelles, au hasard des sentiers numériques, même si ça n’a pas l’air d’aller très fort…

    Je crois que tu es bonne pour une mauvaise grippe. Le virus qui t’attaque se croit intelligent, et c’est bien les pires. Autorise-toi une petite poussée de fièvre pour lui calmer l’ego, plutôt que d’avaler ces histoires de transitions ou d’aspirines.
    Et surtout prends bien tes probiotiques.

    Bien à toi,
    Proxima P

  8. RIPOLL dit :

    Bonjour, il n’y a aucune transition énergétique. Les gaz a effet de serre sont toujours produite en quantité planétaire ayant pour origine les besoins alimentaires et énergétiques de 7,4 milliard d’humain. Les molécules triatomiques qui gambadent dans l’atmosphère sont stables, elles y seront encore dans 300 ans !!! Bref le bateau coule normalement..

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