Quand un bateau fait naufrage

Quand un bateau fait naufrage, on doit respecter certaines règles.

Les femmes et les enfants d’abord.

C’est un principe universel.

Celles qui traversent la Méditerranée savent moins souvent nager, ou moins bien. Leurs vêtements sont plus lourds. Elles essaient de sauver leurs enfants.

Elles se noient davantage que les hommes. Bien davantage. Six femmes noyées pour cinq hommes. Sachant que par exemple en 2015, il y avait 13% de femmes et 69 % d’hommes à tenter la traversée.  Les autres étaient des enfants.

Six femmes noyées pour cinq hommes.

Les hommes les font asseoir au centre des canots. Ils veulent les protéger. Les éloigner de l’eau. Si elles sont là, c’est qu’elles ont déjà souffert pire que la mort. Mais il y a un espoir, de l’autre côté. Si la mer ne les emporte pas, elles auront une autre vie.

Au centre des canots, les clous affleurent et déchirent la peau.

Au centre des canots, les vapeurs d’hydrocarbures asphyxient. Le mélange de pétrole et d’eau salée brûle la peau.

Si le canot fait naufrage, c’est au centre qu’on meurt noyé, écrasé dans la panique, dans l’impossibilité de s’extirper.

Ce n’est pas toujours par égoïsme que les hommes sacrifient les femmes. Parfois, c’est seulement par ignorance, par une forme de prévoyance erronée.

Ainsi des femmes migrantes noyées en Méditerranée.

Et pour le naufrage de la Terre, le lent naufrage de notre monde, où mettrons-nous les femmes et les enfants ?

Chloé Pardanaud-Landriot

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