Laurent Aillet

Laurent Aillet.3

Directeur Santé Sécurité Environnement

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Peut-on savoir sans croire ?

Peut-on savoir depuis son enfance que l’Humanité dévore le capital en même temps que la rente que semblait nous offrir la Nature ? Peut-on se sentir en révolte contre cela et en conséquence engager ses études et toute sa vie professionnelle pour limiter de son mieux les excès de cet appétit ? Peut-on fonder une famille en observant tous les indicateurs passer du vert à l’orange puis de l’orange au rouge ? Donc peut-on savoir par l’étude des données des rapports officiels, la lecture attentive des essais des penseurs, le spectacle intéressé des médias et l’observation attentive des gens comme ils sont et ne pas croire que la fin de la croissance exponentielle dans un espace fini arrivera de notre temps malgré toutes les convergences constatées ?

La réponse pour mon cas est oui. Je savais mais je ne croyais pas… mais qu’advienne un léger moment de réflexion, une rencontre ou une lecture de trop et soudain le déni n’est plus possible.

Aurions-nous pu changer nos comportements lorsque nous étions prévenus des conséquences par les penseurs et les chercheurs dès les années 70 (par exemple par le rapport Meadows commandité au MIT par le Club de Rome en 1972) ? La question est vaine, la réponse existe et s’appelle « réalité ». Il est temps de trouver un peu d’humilité pour reconnaître qu’il ne reste plus qu’à gérer la période très spéciale que va être la fin des ressources abondantes, renouvelables ou non, pour notre civilisation capitalo-technologique mondialisée. De la crise qui se prépare, nous ne ressentons encore que des signes avant-coureurs. Elle sera globale et systémique. Elle transformera totalement nos modes de vie, et donc nos conceptions politiques et philosophiques. Elle touchera chaque individu de cette planète (mais plus le trader de New-York que le nomade à cheval de Mongolie).

Les experts et les responsables en charge ayant failli à réorienter la marche du monde (et en quelque sorte j’en fais partie), il me semble qu’il est grand temps que le sujet soit pris en main par chaque citoyen à l’esprit éclairé.
Chacun doit pouvoir comprendre qu’il peut encore, soit subir le type de dystopie qu’il laissera construire pour lui et sa descendance (grâce au retour du refoulé collectif, la culture populaire regorge maintenant de propositions toutes plus imaginatives les unes que les autres, Mad Max, Green Soylent, The Road… sans oublier le bon vieux fascisme des temps de crise avec son lot de boucs émissaires sacrifiés à la Hunger Games), soit, peut-être, profiter de la décomplexication qu’entraînera l’effondrement pour installer les micro-utopies dont rêvaient les idéalistes du XIXème siècle (et là, impossible de savoir sans essayer).

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Bref Adrastia sera peut être un lieu comme un autre d’échanges entre chaque bonne volonté, une graine dans un désert à advenir…