Transition énergétique

On annonce la fin du pétrole bon marché pour 2020. (On n’est pas sûrs de la date, mais ça fait un chiffre rond, c’est beau, 2020.) Après, on se base quand même sur des chiffres, des graphes, des études sérieuses, hein, rassurez-vous. Mais bon, ça sera peut-être que pour 2021, remarquez…

M’en fout, me dit mon buraliste. Je me chauffe au gaz et je m’éclaire à l’électricité. Et puis je prendrai une voiture électrique.

À part ça, donc, il n’y a pas de pétrole dans sa vie. L’heureux homme que voilà. Pas de pétrole dans son tabac, pas de pétrole dans ses journaux, pas de pétrole dans ses bonbons. Pas de pétrole dans ses petites bières, pas de pétrole dans ses chaises en plastique, pas de pétrole dans son steak-frite. Je ne sais pas comment il fait, il faudra qu’il m’explique.

Parce que moi…
Ma voiture est faite avec du pétrole.
Ma bicyclette est faite avec du pétrole.
Mes baskets sont faites avec du pétrole.
Mon café du matin est fait avec du pétrole.
Mes céréales du matin sont faites avec du pétrole.
Mon blé aussi est fait avec du pétrole.
Mon pain.
Mes légumes et mes fruits.

Mon ordinateur est fait avec du pétrole et des métaux rares dont l’extraction détruit l’environnement, pollue l’eau et provoque des cancers en Chine (c’est pour ça qu’on a arrêté d’en extraire chez nous, mais on veut bien changer notre ordinateur tous les cinq ans, quand il commence à ramer…)

Mon smartphone est fait avec du pétrole et des métaux rares dont l’extraction détruit l’environnement, pollue l’eau et provoque des cancers en Chine (c’est pour ça qu’on a arrêté d’en extraire chez nous, mais on veut bien changer notre smartphone tous les deux ans, quand il commence à ne plus avoir toutes les nouvelles fonctions …)

Ma batterie de vélo électrique est faite avec des métaux rares : je veux bien être écolo, mais faut pas pousser mémé dans les orties – je veux dire, je vais quand même pas pousser ma draisienne dans les côtes, on n’est plus au Moyen-Âge.

Ma batterie de voiture électrique est faite avec des métaux rares : je veux bien être écolo, mais faut pas pousser mémé dans les orties – je veux dire, je vais quand même pas habiter près de mon travail, et respirer la pollution des autres, moi, il me faut le bon air de la campagne. Et vous avez pensé à mes enfants ?

Mon éolienne est faite avec des métaux rares : je veux bien être écolo, mais faut pas pousser mémé dans les orties – je veux dire, mon électricité, il faut bien qu’elle vienne de quelque part, et le vent, c’est renouvelable, non ?

Et puis pour extraire des métaux rares, il faut du pétrole, parce qu’ils ne sortent pas tout seul gentiment des entrailles de la terre. Et que les turbines, elles ne marchent pas encore aux panneaux solaires (d’ailleurs, le jour où tout marchera avec des panneaux solaires, on manquera de silicium pour en fabriquer, et le sable sera le nouvel or noir… mais jaune. Un peu un retour aux sources, en quelques sortes.)

Y a pas à dire, la transition, c’est notre avenir.

Chloé Pardanaud-Landriot

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