2016 : Le pic pétrolier et la fin du super-cycle de la dette – Gail Tveberg

Publié le 7 Janvier 2016 par Gail Tverberg, du blog Our Finite World

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Ce qui est à venir en 2016 ? La plupart des gens ne réalisent pas combien les points suivants sont étroitement liés :

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1. La croissance de la dette
2. La croissance de l’économie
3. La croissance de l’approvisionnement en énergie bon marché-à-produire
4. L’inflation du coût de production des produits de base
5. La croissance des prix des actifs, tels que le prix des actions de stock et des terres agricoles
6. La croissance des bas salaires
7. La croissance démographique

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Il me semble que ces liens sont sur le point de provoquer une perturbation très importante de l’économie, tout comme le pic pétrolier, ainsi que d’autres limites de l’énergie, provoquent déjà un changement rapide nous faisant passer d’une phase favorable du super cycle économique à une phase de contraction de celui-ci.
Beaucoup de gens ont parlé du pic pétrolier, des limites de la croissance, et du super cycle de la dette* (voir définition en fin d’article) sans se rendre compte que le problème sous-jacent est le même : le fait que nous atteignons les limites d’un monde fini.
Il y a en fait différents types de limites à un monde fini, toutes menant vers la hausse du coût de production des marchandises. Je vous en parlerai plus en détail. Dans le passé, la phase de contraction du super-cycle semble avoir été causée principalement par une démographie trop élevée relativement aux ressources. Cette fois, la déplétion des combustibles fossiles, en particulier le pétrole, jouent un rôle majeur. D’autres limites contribuent à la fin du super cycle de la dette* en cours comme la hausse de la pollution et l’épuisement des ressources autres que les combustibles fossiles.

Le problème lorsque l’on atteint les limites dans un monde fini se manifeste d’une manière inattendue : le ralentissement de la croissance des bas salaires. Des salaires plus bas signifient que ces travailleurs ont un pouvoir d’achat plus faible. Ces problèmes conduisent d’abord à des excédents de marchandise et des prix très bas des produits de base. Finalement, ces problèmes conduisent à la chute des prix des actifs et à des défauts de paiement généralisés. Ces problèmes sont à l’opposé de ce que beaucoup attendaient, à savoir la pénurie de pétrole et des prix élevés. Cette étrange situation se manifeste parce que l’économie est un système en réseau. Les boucles de rétroaction dans un système en réseau ne fonctionnent pas nécessairement de la façon dont les gens s’y attendent.

Je pense que le problème particulier que nous allons sans doute avoir en 2016 est la limite au stockage du pétrole. Cela peut se produire à différents moments pour le pétrole brut et les différents types de produits raffinés. A mesure que les stocks augmentent, les prix peuvent descendre à un niveau très faible, moins de 10 $ le baril pour le pétrole brut et des prix faibles en proportion pour les différents types de sous-produits pétroliers, comme l’essence, le diesel et l’asphalte. Nous pouvons nous attendre à affronter des défauts de paiement, des banques en faillite, et des gouvernements défaillants (en particulier des pays exportateurs de pétrole).

L’idée d’un nouveau rebond des prix du pétrole semble extrêmement improbable, en partie à cause de l’énorme excédent de l’offre de pétrole stocké, que les propriétaires veulent vendre, maintenant l’offre abondante pendant longtemps. De plus, la cause sous-jacente du problème est le fait que les bas salaires n’augmentent pas assez rapidement pour faire face à la hausse du coût de la production des biens de consommation, en particulier de la production de pétrole. En raison de la baisse des salaires corrigés de l’inflation, les travailleurs ont de moins en moins les moyens d’acheter la production du système économique. Ainsi les travailleurs réduisent leurs achats de biens et l’économie tend à se contracter plutôt que de se développer. Les économies d’échelle sont perdues, et la dette devient de plus en plus difficile à rembourser avec l’intérêt. L’ensemble du système tend à s’écrouler.

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Comment le super-cycle de la croissance économique fonctionne, dans une situation idéale

Dans une situation idéale, la croissance de la dette tend à stimuler l’économie. La disponibilité de la dette fait que l’achat des biens chers comme les usines, les maisons, les voitures et les camions sont plus abordables. Tous ces produits chers exigent l’utilisation de produits de base, y compris de l’énergie et des métaux. Ainsi, la dette croissante tend à ajouter de la demande de matières premières, et aide à maintenir leurs prix plus élevés que leur coût de production, ce qui rend rentable de produire ces marchandises. La disponibilité de bénéfices encourage une exploitation toujours plus importante de l’énergie et des autres ressources.

La quantité croissante de l’approvisionnement en énergie rendue possible par cette rentabilité peut être utilisée pour exploiter le travail humain à un niveau toujours plus grand, de sorte que les travailleurs deviennent de plus en plus productif. Par exemple, l’approvisionnement en énergie aident à construire des routes, les camions et les machines utilisés dans les usines, ce qui rend les travailleurs plus productifs. En conséquence, les salaires ont tendance à augmenter, reflétant la plus grande productivité des travailleurs dans le contexte de ces nouveaux investissements. Les entreprises constatent que la demande pour leurs produits et services croît en raison des salaires croissants des travailleurs et les gouvernements peuvent augmenter les recettes fiscales. L’échelonnement de la dette avec intérêt tend à bien fonctionner dans cette situation. Le PIB croît suffisamment rapidement de telle sorte que le ratio de la dette au PIB reste raisonnable.

Avec le temps, le coût de la production marchande tend à augmenter pour plusieurs raisons :

1.  La population augmente au fil du temps, de sorte que la quantité de terres agricoles disponibles par personne tend à baisser. Des techniques plus chères (comme l’irrigation, de meilleures semences, des engrais, des pesticides, des herbicides) sont nécessaires pour accroître la production par acre (4047m²). De même, l’augmentation de la population demande de produire de l’eau douce en utilisant des techniques de plus en plus chères, comme le dessalement.
2.  Les entreprises ont tendance à extraire les combustibles les moins chers tels que le pétrole, le charbon, le gaz naturel et l’uranium en premier. Ils s’orientent plus tard vers les plus chers à extraire lorsque les combustibles moins coûteux sont épuisés. Par exemple, la figure 1 montre la forte augmentation du coût de l’extraction du pétrole qui a eu lieu autour de 1999.

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figure1

Figure 1. Figure de Steven Kopits de Westwood Douglas montrant la tendance des dépenses en immobilisations par baril pour l’exploration et la production pétrolières. TCAC (CAGR en anglais sur le graphe) est « le Taux de Croissance Annuel Composé. »

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3. La pollution tend à devenir un problème croissant, car les sources de matières premières les moins polluantes sont utilisées en premier. Lorsque les mesures d’atténuation telles que la substitution des combustibles fossiles par des énergies renouvelables sont utilisées, elles ont tendance à être plus chères que les produits qu’elles remplacent. Conduisant à la hausse du coût des produits finaux.
4. La surexploitation des ressources, autres que les combustibles, conduit à des problèmes tels que le prix élevé des métaux, la déforestation, l’épuisement des stocks halieutiques, et la disparition des terres arables. Certaines solutions de contournement sont disponibles, mais celles-ci ont tendance à augmenter les coûts.

Tant que le coût de production des produits de base ne croît que lentement, son coût croissant est bénéfique. Cette augmentation du coût ajoute à l’inflation du prix des biens et contribue à gonfler l’écart avec la dette antérieure, de sorte que la dette est plus facile à rembourser. Elle conduit également à l’inflation des actifs, ce qui fait que l’utilisation de la dette semble être utile pour financer la croissance économique future, y compris la croissance des approvisionnements énergétiques. L’ensemble du système semble fonctionner comme une pompe à croissance économique, avec la hausse des bas salaires actionnant la pompe à croissance.

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Le grand « Oups » arrive lorsque le prix des matières premières commence à augmenter plus rapidement que les salaires des travailleurs.

Il est clair que les bas salaires doivent être augmenté plus rapidement que les prix des produits de base afin de pousser la pompe à croissance économique. L’effet de la pompe économique est perdue lorsque les bas salaires commencent à diminuer, par rapport au prix des produits de base. Ceci tend à se produire lorsque le coût de production des produits de base commence augmente rapidement, comme il l’a fait pour le pétrole après 1999.

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figure1

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La perte de l’effet de la pompe économique se produit parce que la hausse du coût du pétrole (ou de l’électricité, ou de la nourriture ou d’autres produits énergétiques) oblige les travailleurs à réduire les dépenses discrétionnaires. Ce qui est arrivé dans la période 2003-2008 lorsque les prix du pétrole et d’autres prix de l’énergie ont fortement augmenté. (Voir mon article Les limites de l’offre de pétrole et la crise financière continue.) Les travailleurs ont eu de plus en plus de difficulté pour acheter des biens chers comme les maisons, les voitures et les machines à laver. Les prix des logements ont chuté. La croissance de la dette a ralenti, ce qui conduit à une forte baisse des prix du pétrole et des autres matières premières.

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figure2

Figure 2. L’offre mondiale et les prix du pétrole à partir des données de l’EIA (Energy Information Administration USA ).

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Il était un peu probable de « résoudre » les prix faibles du pétrole par l’utilisation du Quantitative Easing (QE) et la croissance de la dette à des taux d’intérêt très bas, après 2008. En fait, ce sont ces taux d’intérêt très bas qui ont encouragé la croissance très rapide de la production de pétrole brut des États-Unis, de gaz naturel liquéfié et les biocarburants.
Maintenant, la dette atteint les limites. Les États-Unis et la Chine ont (dans un sens) « levé le pied de l’accélérateur-dette économique. » Cela ne semble pas avoir de sens d’encourager davantage l’utilisation de la dette, parce-que des taux d’intérêt récents très bas ont encouragé les investissements imprudents. En Chine, plus d’usines et de maisons ont été construites que le marché ne peut en absorber. Aux États-Unis, la production de pétrole de schiste a augmenté plus vite que ce qui pourrait être absorbé par le marché mondial quand les prix étaient à plus de 100 $ le baril. Cela a conduit à la forte baisse des prix. S’il était possible de produire du pétrole supplémentaire pour un prix très bas, soit 20 $ le baril, l’économie mondiale pourrait probablement l’absorber. Cette faiblesse du prix de vente n’a pas vraiment « fonctionné » en raison du coût élevé de la production.

La dette est importante car elle peut aider une économie à croître, tant que le montant total de la dette ne devient pas ingérable. Ceci, pour un temps, la dette croissante peut compenser l’impact négatif de la hausse du coût des produits énergétiques. Nous savons que les prix du pétrole ont commencé à augmenter fortement dans les années 1970, et en fait, d’autres prix de l’énergie ont également augmenté.

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figure3

Figure 3. Historique mondial du prix de l’énergie en $ de 2014, source BP Statistical Review of World History 2015

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En regardant la croissance de la dette, nous constatons qu’elle a augmenté rapidement, démarrant dès que les prix du pétrole ont commencé à augmenter. L’ancien directeur de l’Office of Management and Budget, David Stockman, parle des « 40 ans désastreux du super-cycle de la dette », qu’il croit maintenant à sa fin.

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figure4

Figure 4. Taux moyen mondial de l’inflation ajusté de la croissance annuels de la dette et du PIB, pour des périodes déterminées. Voir le post sur la dette pour l’explication de la méthodologie.

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Au cours des dernières années, nous avons atteint une situation où les prix des produits de base ont augmenté plus vite que les bas salaires. Les emplois qui sont disponibles ont tendance à être des emplois de services peu rémunérés. Les jeunes prolongent leurs études. Ils se marient plus tard et retardent l’achat d’une voiture et d’une maison. Toutes ces retards contribuent à la baisse des salaires. Certaines de ces personnes n’ont, en fait, pas de salaire, parce qu’ils font des études plus longues. Les personnes qui prennent leur retraite ou quittent volontairement le marché du travail ajoutent encore au problème des salaires qui n’augmentent plus suffisamment pour acheter la production de l’économie.
Le gouvernement américain a récemment décidé d’augmenter les taux d’intérêt. Cela réduit encore le pouvoir d’achat des bas salaires. Nous avons une situation où la « pompe à croissance économique », créé par l’utilisation d’une quantité croissante d’énergie bon marché, plus une augmentation de la dette, est en train de s’essouffler. Alors que les maisons, les voitures, et les voyages sont disponibles, une part croissante de la population ne peut plus se les offrir. Cela tend à conduire à une situation où les prix des produits de base tombent en dessous du coût de production pour une large gamme de types de produits, ce qui rend la production de produits peu rentable. Dans une telle situation on s’attend à ce que les entreprises réduisent leur production. De nombreux défauts peuvent se produire.

La Chine, depuis les 15 dernières années, agit comme une pompe à croissance majeure pour le monde entier, depuis qu’elle a rejoint à l’organisation mondiale du commerce en 2001. La croissance de la Chine marque le pas, et devrait ralentir encore par la suite. Sa croissance a été financée par une augmentation énorme de la dette. Rembourser cette dette est sans doute un problème.

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figure5

Figure 5. Illustration par l’auteur du problème auquel nous allons nous heurter.

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Ainsi, nous semblons être arrivé à la phase de la contraction du super-cycle de la dette. Ceci est effrayant, parce que si la dette se contracte, les prix des actifs (tels que les prix des actions et le prix des terrains) sont susceptibles de s’effondrer. Les banques peuvent faire faillite, à moins qu’elles puissent transférer leurs problèmes aux propriétaires de la banque ou même des dépôts bancaires. Les gouvernements seront aussi affectés, car l’emprunt va devenir plus cher, et parce-que les revenus de l’impôt vont diminuer. De nombreux gouvernements peuvent faire faillite aussi.

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Le problème du stockage du pétrole aux USA

Les prix du pétrole ont commencé à chuter mi 2014, nous aurions pu nous attendre à ce que les problèmes de stockage de pétrole commencent à ce moment-là, mais ce ne fut pas exactement le cas. Le stockage de pétrole brut aux États-Unis n’a commencé à augmenter qu’à la fin de 2014.

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figure6

Figure 6. Stockage USA du pétrole brut, à l’exclusion des Réserves Stratégiques, basée sur les données de l’EIA.

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Les réserves en pétrole brut ont commencé à augmenter rapidement d’environ 90 millions de barils entre Décembre 2014 et Avril 2015. Après Avril 2015, l’offre décline à nouveau, ce qui suggère qu’il y a une certaine saisonnalité de l’approvisionnement en pétrole brut. Le moment « critique » de la hausse des stocks semble se situer entre le 31 Décembre et le 30 Avril. Selon l’EIA, le stockage maximal de pétrole brut est de 551 millions de barils de pétrole brut (en tenant compte de tous les équipements de stockage aux USA). L’ajout de 90 millions de barils de pétrole (similaire à la période entre décembre 2014 et Avril 2015) dépasserait la capacité de stockage de pétrole brut.
Cushing, en Oklahoma, est la plus grande zone de stockage de pétrole brut. Selon l’EIA, la capacité maximale de stockage pour ce complexe est de 73 millions de barils. Variation du stockage de pétrole à Cushing, depuis que les prix du pétrole ont commencé à baisser figure 7.

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figure7

Figure 7. Quantité de pétrole brut stocké à Cushing, entre le 27 Juin 2014, et le 1er Juin, 2016, basée sur les données de l’EIA.

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Clairement, l’augmentation du stockage de pétrole qui a eu lien entre Décembre 2014 et Avril 2015 ne pourrait être à nouveau absorbée à Cushing, sa capacité maximale étant de seulement 73 millions de barils et la quantité actuelle de son stock étant de 64 millions de barils.

Les produits finis (produits issus du raffinage) sont une autre façon de stocker le pétrole. Le stockage des produits finis a commencé plus tôt (à partir de mi-2014) et s’est stabilisé à environ 65 millions de barils par jour de plus que l’année précédente, après Janvier 2015. Il est clair que, si les compagnies pétrolières peuvent faire un peu de planification, elles préféreraient ne pas raffiner les produits pour lesquels il y a peu de demande. Elles préfèreraient stocker le pétrole brut, plutôt que des produits raffinés.

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figure8

Figure 8. Pétrole brut dans les entrepôts, basées sur les données de l’EIA.

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L’EIA indique que la capacité totale de produits pétroliers est 1.549 millions de barils. Ainsi, en théorie, la quantité de produits pétroliers stockés peut être augmentée par autant que 700 millions de barils, en supposant que les produits devant être stockés et les endroits disponibles pour les stocker correspondent exactement. Dans la pratique, la quantité de stockage supplémentaire disponible est probablement un peu moins de 700 millions de barils en raison de problèmes d’incompatibilité.
En théorie, si les compagnies pétrolières peuvent être amenés à raffiner davantage de produits qu’elles peuvent en vendre, la quantité de produits qui peut être stockée peut augmenter de manière significative. Même dans ce cas, les quantités de stockage ne sont pas illimitées. Même si la totalité des 700 millions de barils de stockage de produits de pétrole brut est disponible, ce qui correspond à moins d’un million de barils par jour pendant deux ans, ou deux millions de barils par jour pendant un an. Ainsi, les produits de stockage pourraient facilement être remplacer, si la demande reste faible (la consommation américaine de pétrole est un peu moins de 19 millions de baril/jour, NDT).
À ce stade, nous ne connaissons pas la différence entre la production et de la consommation de pétrole fixe. En fait, l’Irak et l’Iran aimeraient augmenter leur production, ajoutant un décalage entre production & consommation. L’économie chinoise semble être bloquée, empêchant sa consommation de pétrole de repartir aussi vite que dans le passé, et augmentant le décalage offre/demande. La figure 9 montre une approximation du problème de décalage offre/demande. Pour autant que je peux le dire, le problème est en train d’empirer, pas de se résoudre.

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figure9

Figure 9. Production et consommation totale de pétrole Liquide, basé sur une combinaison de données de BP et de l’EIA.

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Il y a eu beaucoup de discussions sur la réduction de la production des Etats-Unis, mais l’effet a été jusqu’ici petit, basée sur les données statistiques internationales de l’énergie de l’EIA et de son compte rendu mensuel de l’énergie de Décembre 2015.

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figure10

Figure 10. Les données de production de pétrole liquide américaines trimestriels, basés sur les statistiques internationales énergétique et la Revue mensuel de l’énergie de l’EIA.

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Basé sur les informations de la revue mensuelle de l’énergie de Novembre de l’EIA, la production totale de liquides pour les États-Unis pour l’an 2015 sera plus de 800.000 barils/jour supérieure à ce qu’elle était en 2014. Cette augmentation est probablement supérieure à la hausse de la production soit en Arabie saoudite ou en Irak. Sans doute en 2016, la production de pétrole des États-Unis commencera à diminuer, mais jusqu’ici, l’augmentation des biocarburants et des liquides de gaz naturel ont en partie compenser les récentes réductions de la production de pétrole brut. En outre, même lorsque les entreprises sont acculées à la faillite, la production de pétrole ne cesse pas nécessairement à cause de la valeur potentielle du pétrole pour les nouveaux propriétaires.
La figure 11 montre que les stocks très élevés de pétrole ont toujours été un problème, retournons dans les années 1920. Il y avait d’autres similitudes avec les problèmes d’aujourd’hui, ainsi, y compris une bulle de la dette dégonfler et les prix des produits de base. Donc, nous ne devrions pas être trop surpris aujourd’hui par les stocks élevés du pétrole, lorsque les prix sont bas.

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figure11

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Ce qui est à venir en 2016 ?

    1. Les problèmes avec un ralentissement économique mondial sont susceptibles de devenir plus prononcés, car la croissance Chinoise va continuer de s’affaiblir, et que d’autres pays producteurs de matières premières, comme le Brésil, l’Afrique du Sud, et l’Australie vont connaitre la récession. Il peut y avoir des changements rapides de devises, des pays cherchant à dévaluer leur monnaie, pour tenter d’obtenir un avantage sur les marchés mondiaux. L’Arabie Saoudite peut décider de dévaluer sa monnaie, pour retirer plus de bénéfices du pétrole qu’elle vend.
    2. Le stockage du pétrole peut devenir un problème dans le courant de 2016. En fait, si la perspective de l’offre de pétrole n’est pas fortement limitée durant la période de Décembre à Avril, comme ce qui est arrivé il y a un an, le manque d’espace de stockage pour le pétrole brut pourrait devenir un problème dans les trois prochains mois. Les prix du pétrole pourraient chuter à 10 $ ou moins. Nous savons que pour le gaz naturel et l’électricité, les prix tombent souvent en dessous de zéro lorsque la capacité du système à absorber l’offre diminue. Il n’est pas évident que les prix du pétrole puissent tomber sous zéro, mais ils peuvent certainement tomber très bas. Même si nous pouvons d’une manière ou d’une autre pallier au manque de stockage de pétrole brut en 2016, nous pourrions rencontrer des problèmes de stockage d’autres produits pétroliers en 2017 ou 2018.
    3. La chute des prix du pétrole est susceptible de causer de nombreux problèmes. Un par défaut de la dette, à la fois pour les compagnies pétrolières et pour les entreprises qui fabriquent des équipements et des outils utilisés par l’industrie pétrolière. Un second sont les licenciements dans l’industrie pétrolière. Un troisième est le taux d’inflation négatif, ce qui rend la dette plus difficile à rembourser. Un quatrième est la chute des prix des actifs, tels que les prix des actions et les prix des terres utilisées pour produire des produits de base. Une partie de la cause de la baisse des actifs a à voir avec la baisse du prix des marchandises produites. En outre, les fonds souverains auront besoin de vendre des titres contre des liquidités pour garantir leurs économies. La vente de ces titres exercera une pression à la baisse sur les actions et les obligations.
    4. Les défauts de dette sont susceptibles de causer des problèmes majeurs en 2016. Comme indiqué dans l’introduction, nous semblons approcher du déroulement d’un super-cycle de la dette. Nous pouvons nous attendre à des faillites en série des entreprises en raison du faible prix des marchandises. Ces faillites en série peuvent se propager à l’économie toute entière. Les entreprises défaillantes licencieront, réduisant la quantité de biens achetés, fabriqués avec les matières premières. La dette ne sera pas entièrement remboursée, provoquant des problèmes pour les banques, les compagnies d’assurance et les fonds de pension. Même les compagnies d’électricité peuvent être affectés, si leurs fournisseurs font faillite et que leurs clients ont plus d’impayés.
    5. Les gouvernements de certains pays exportateurs de pétrole peuvent s’effondrer ou être renversé, si les prix baissent beaucoup. La perturbation résultant des exportations de pétrole peut être bienvenue, si le problème du stockage n’était pas aussi crucial.
    6. On ne sait pas si ce scénario se déroulera complètement en 2016, mais une pièce majeure de ce déroulement pourrait avoir lieu en 2016, en particulier si le stockage de pétrole brut fait le plein, poussant les prix du pétrole à moins de 10 $ le baril.
    7. Suivant le fait que les stocks de pétrole fassent le plein ou pas, les prix du pétrole sont susceptibles de rester très faible, comme le résultat d’une augmentation de l’offre, d’une hausse à la peine de la demande, et personne de disposé à prendre des mesures pour essayer de résoudre le problème. Tout le monde semble penser que quelqu’un d’autre (l’Arabie Saoudite ?) peut ou devrait résoudre le problème. En fait, le problème est trop ample pour l’Arabie Saoudite. Les États-Unis pourrait en théorie résoudre le problème de l’approvisionnement en pétrole actuel en taxant leur propre production de pétrole à un taux confiscatoire (très élevé), mais cela semble extrêmement improbable. La fermeture de la production de pétrole existante avant qu’elle ne soit contrainte de fermer impliquerait plus encore la dépendance au pétrole importé à l’avenir. Une approche plus probable serait de taxer les importations de pétrole, de garder la quantité importée à un niveau gérable. Cette approche serait susceptible de causer la colère des pays exportateurs de pétrole.
    8. Les nombreux problèmes de 2016 (y compris les mouvements rapides en devises, la baisse des prix des produits de base, et les défauts de paiement) sont susceptibles de causer des gains importants des produits dérivés financiers, pouvant conduire à des faillites d’institutions financières, comme en 2008. Pour éviter de telles faillites, la plupart des gouvernements envisagent de déplacer les pertes liées aux dérivés et valeurs par défaut de la dette, autant que possible, au secteur privé. Il est possible que cette approche mène les déposants à perdre ce qui semblait être des dépôts bancaires assurés. Dans un premier temps, ces pertes seront probablement limitées à des montants dépassant les limites d’assurance de la FDIC. Alors que la crise se propage(ra), les pertes pourraient se propager à d’autres dépôts. Les dépôts des employeurs peuvent être aussi affectés, conduisant à des difficultés pour payer les employés.
    9. Dans l’ensemble, 2016 est susceptible d’être une année bien pire que 2008 du point de vue de la perspective financière. Les problèmes seront similaires à ce qui aurait pu se passer en 2008, mais ne sont pas advenus grâce à l’intervention des gouvernements. Cette fois, les gouvernements ne semble pas en mesure de résoudre les problèmes.
    10. Il y a deux ans, j’assemblais le graphique présenté figure 12. Il montre que la production de toutes les énergies baisse rapidement après 2015. Je ne vois pas pourquoi cette prévision devrait être revue. Une fois que le super-cycle de la dette commence sa phase de contraction, nous pouvons nous attendre à une réduction importante de la demande et de l’approvisionnement de toutes les énergies.

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figure12

Figure 12. Estimation de la future production d’énergie par l’auteur. Les données historiques basées sur BP ajustés aux groupements de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie).

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Conclusion

Nous sommes certainement dans une période inquiétante. Nous n’avons pas vraiment compris comment fonctionne l’économie, de sorte que nous avons eu tendance à supposer que nous pourrions résoudre l’une ou l’autre partie du problème. Le problème sous-jacent semble être un problème de physique. L’économie est une structure dissipative, un type de système d’auto-organisation qui se forme dans les systèmes thermodynamiquement ouverts. En tant que tel, il a besoin d’énergie pour se développer. En fin de compte, les rendements décroissants rapportés au travail humain, ce que certains d’entre nous appellent la baisse des bas salaires corrigés de l’inflation, tend à tirer l’économie vers le bas. Ainsi toutes les économies ont des durées de vie limitées, tout comme les humains, les animaux, les plantes et les ouragans. Nous sommes dans la position inconfortable d’observateurs de la fin de vie de notre économie.
La plupart des recherches sur l’énergie à ce jour ont porté sur la deuxième loi de la thermodynamique. Bien que ce soit un problème fiscal, qui n’est vraiment pas la cause immédiate de l’effondrement imminent. La deuxième loi de la thermodynamique fonctionne dans des systèmes fermés, ce qui n’est pas précisément la question ici.
Nous savons que, historiquement, les effondrements ont eu tendance à prendre de nombreuses années. Cet effondrement peut être plus rapide parce que l’économie d’aujourd’hui est dépendante de chaînes d’approvisionnement internationales, de l’électricité et des combustibles liquides, des choses dont les économies précédentes ne dépendaient pas.

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Gail Tverberg a écrit de nombreux articles sur des sujets connexes (malheureusement, pas de livre). Voici le lien de son blog :
http://ourfiniteworld.com/

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* La faute à la dette
En tout état de cause, le ralentissement chinois n’explique pas l’anémie économique de l’Europe et des autres pays développés. L’économiste Kenneth Rogoff attribue cette fragilité à ce qu’il appelle la «fin du super-cycle de la dette ». Selon Rogoff, une période prolongée au cours de laquelle des pays, des entreprises et des particuliers se sont trop endettés est inévitablement suivie d’une étape de « gueule de bois », qui oblige les débiteurs à réduire l’ampleur des dettes qu’ils ont accumulées.

Devoir allouer des ressources au remboursement de leur dette limite de toute évidence leurs possibilités de consommation et d’investissement qui pourraient contribuer à la croissance. De ce point de vue, en faisant baisser l’endettement des économies, on favorise une relance de la croissance.
Paragraphe tiré de l’article de Moisés Naim du 28.10.2015 sur Slate.fr : La fin de la crise, c’est pour quand ?

 

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