Le Comptoir : « Nous sommes à la veille d’un basculement écologique planétaire inédit »

En mai 2016 Vincent Mignerot a été interrogé par Vincent Froget, pour la revue en ligne Le Comptoir, sur l’état des lieux de la planète et les perspectives d’adaptation de l’humanité. Retrouvez la version anglaise de l’interview en suivant ce lien.

L’association Adrastia travaille sur le franchissement du “climax” de l’humanité. Face à cet inévitable déclin, Adrastia se propose d’apporter information et réflexion, tant d’un point de vue scientifique que social, sur les grands enjeux écologiques et économiques pour « anticiper au mieux la dégradation systémique de nos cadres de vie ». Nous nous sommes entretenus avec son président, Vincent Mignerot sur le mirage de l’éternelle croissance et l’effondrement à venir.

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Le Comptoir : Au début de votre manifeste, vous dites : « Le “peak” de disponibilité de l’ensemble des ressources nécessaires à notre existence a été franchi ». Pouvez-vous rapidement présenter les arguments sous-tendant cette observation ?

Vincent-Mignerot-portrait-Dannreuther-9.2Vincent Mignerot : Si l’humanité a évolué jusqu’au XVIIIe siècle en satisfaisant ses besoins par l’exploitation quasi exclusive de matières premières et de ressources énergétiques – animale, végétale, minérale, hydraulique et éolienne – disponibles à la surface de la Terre, le développement de l’exploitation du charbon et du pétrole nous a obligé à creuser le sol pour satisfaire nos besoins. Nous sommes passés d’une relation à l’environnement en 2D à une relation en 3D.

Or, la nécessité de creuser la terre pour en sortir des ressources est soumise à une contrainte physique que l’on peut résumer ainsi : plus on creuse, plus c’est difficile de creuser. L’extraction de tout ce qui permet le bon fonctionnement de nos économies, des hydrocarbures aux métaux, avance alors nécessairement vers un goulet d’étranglement : le coût pour continuer à trouver de l’énergie et des matières premières est chaque jour plus élevé, parce que les efforts à fournir sont chaque jour plus grands. C’est ce que les spécialistes appellent le Taux de Retour Énergétique (TRE ou EROEI pour Energy Returned On Energy Invested).

Par ailleurs, l’exploitation d’un gisement connait toujours deux périodes aux caractéristiques bien différentes : une première lors de laquelle le volume extrait augmente chaque jour puis, après un “pic” (le pic de Hubbert), une deuxième période durant laquelle le volume baisse continuellement.

Nous vivons aujourd’hui la rencontre de deux facteurs limitants dans notre exploitation de l’environnement en 3D : d’une part le TRE qui ne peut que baisser et d’autre part le franchissement de nombreux pics, en particulier pour tous les pétroles conventionnels – dont le pic a eu lieu en 2006 –, qui sont à la base de la performance économique de nos sociétés. C’est sur ces modèles largement utilisés désormais et surtout sur les mesures qui les confirment que nous nous appuyons pour dire que le “peak” de disponibilité de l’ensemble des ressources nécessaires à notre existence a été franchi.

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