À l’attention de M. Jourdain : « La vie est un système qui s’auto-organise, l’efficacité énergétique est son essence. »

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Monsieur Jourdain, Molière, Le Bourgeois gentilhomme (1670)

Conclusion d’une étude, depuis le site « Etudes Littéraires » :

« La conclusion de la pièce est à ce titre bien significative, M. Jourdain se trouve pris à son propre piège, il devient peu à peu le jouet de ses illusions. Le Bourgeois gentilhomme, c’est la déchéance d’un être qui perd le sens de la réalité pour se réfugier dans un univers artificiel. Les siens n’ayant pas réussi à le détromper, à le guérir, sont conduits à lui donner le change, à lui jouer la comédie. La mascarade de l’intronisation, cérémonie grotesque, farce énorme, constitue l’apothéose finale, la démonstration comique et théâtrale de la folie qui isole M. Jourdain et le fait montrer du doigt. »

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Dans le débat sur la transition énergétique, les raisons ne font plus guère de doute sur le besoin de la réaliser de toute urgence afin de lutter contre l’épuisement des ressources minérales (en premier lieu le pétrole) et d’atténuer les effets de leur utilisation que sont le changement climatique et la pollution des 3 milieux dans lesquels se développe la vie : l’eau, l’air et les sols.

À part pour les sceptiques accrochés à leurs certitudes et à leurs prérogatives matérielles, incapables  de supporter le poids de la culpabilité de la civilisation des hydrocarbures  qui nient tout ou partie de ces problèmes, la chose est entendue. Toutefois les solutions pour mettre en œuvre la transition énergétique sont bien moins évidentes et le débat reste vif sur les moyens d’y parvenir. Mais une solution ressort dans quasi toutes les discussions : l’efficacité énergétique. Celle-ci n’est jamais définie tellement elle semble évidente à la majorité, elle ne fait pas débat. J’aimerais ici la (re)définir, partant de son acception collective supposée et que je résumerai par  la formule laconique : faire plus avec moins.

Est-ce déjà une idée neuve, une idée que nous n’aurions jamais mise en œuvre ?

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L’idée dans sa forme verbalisée est sans aucun doute neuve à l’échelle des temps humains. La définition et l’utilisation du mot énergie étant très récentes dans l’histoire  de la physique, son utilisation est apparue de façon courante au milieu du 19ème siècle. La première loi de la thermodynamique (l’énergie est constante) n’a, elle, été prouvée qu’en 1918 par la mathématicienne allemande Emmy Noether (Théorème de Noether). Sans doute l’expression a-t-elle fait florès avec le choc pétrolier de 1973, les plus anciens se souviennent sûrement de ce slogan diffusé par le gouvernement de l’époque « En France on a pas de pétrole mais on a des idées ! ». Je reviendrai un peu plus bas sur le fait que cette phrase est une illustration parfaite de la MEP (Maximum Entropy Production, loi de la production maximale d’entropie) et en quoi elle est reliée à la théorie de l’information. L’économiste anglais William Stanley Jevons s’était déjà penché sur la question du charbon dans la seconde moité du 19ème siècle et sur la question cruciale de l’énergie comme fondement majeur de la puissance et de la richesse de la nation anglaise. Cette problématique n’est donc pas récente. Elle est désormais mondiale et avec une énergie plus miraculeuse encore, le pétrole.

Si l’idée d’efficacité énergétique n’est pas nouvelle, sa mise en œuvre l’est encore moins. La fabrication d’outils (biface de silex, arc et flèche ou lance) les techniques de chasse et de pêche, la maîtrise du feu, la métallurgie, l’invention de la roue, la conquête du cheval, les ouvrages d’art, l’écriture et l’imprimerie, la mathématique comme langage universel de la nature, le système binaire, jusqu’à la révolution perpétuelle de l’informatique… tout cela est de l’efficacité énergétique, chacune de ces révolutions techniques et conceptuelles étant une étape d’optimisation nécessaire  pour que la suivante advienne.

Mais l’humanité est-elle la seule à faire de l’efficacité énergétique ? Les autres espèces font aussi de l’optimisation, à commencer par les techniques de chasse et de pêche, par les techniques de construction d’habitat (les alvéoles des nids d’abeille ont une forme hexagonale car c’est la plus économe en cire rapporté au nombre d’alvéoles), par les plantes qui distribuent leurs feuilles de façon à maximiser l’ensoleillement ou qui optimisent la disposition des graines (dans un tournesol par exemple, selon la suite de Fibonacci), et par d’autres insoupçonnables comme la peau des requins dessinée pour diminuer les frottements de l’eau et obtenir un meilleur hydrodynamisme. Les exemples sont nombreux et sans doute indénombrables, au point qu’une nouvelle discipline scientifique s’y intéresse de près, la biomimétique.

L’efficacité énergétique est en fait la mise en ordre d’informations sur l’environnement, afin d’utiliser cet environnement avec le meilleur profit. L’existence ou la disparition de chaque espèce est liée à sa capacité d’adaptation à l’environnement et pour ce faire chaque espèce doit maximiser son efficacité énergétique pour croître en nombre d’individus. Chaque individu utilise mieux les ressources auxquelles il a accès et de ce fait plus d’individus sont viables et capables de se reproduire. Il y a la fois interdépendance entre les espèces et/ou entre les individus d’une espèce et compétition. L’équilibre écologique est toujours provisoire et instable, chaque espèce n’a jamais la garantie de sa pérennité. C’est l’efficacité énergétique qui est le moteur de cette oscillation autour du point d’équilibre. Plus d’efficacité énergétique de la part d’une espèce entraîne un déséquilibre  qui se traduira par un retour à l’équilibre au dépend de l’espèce qui l’a provoqué. Pour le dire de façon triviale, si les prédateurs sont trop efficaces les proies diminueront et les prédateurs à leur tour.

En ce qui nous concerne, et en tant qu’espèce également, nous voulons une garantie sur l’avenir et en même temps consommer toujours plus de ressources. Ces deux désirs sont incompatibles à plus ou moins brève échéance, malgré tous les développements des sciences et des techniques.

Qui aurait pu croire que l’homo tout juste descendu de son arbre il y a deux millions huit cent mille ans, qui mesurait 1m50 et pesait 50kg, puis appelé homo sapiens à partir de deux cent mille ans, allait chasser les éléphants ou les baleines, des animaux des centaines de fois plus lourds et plus puissants, au point de les mettre en péril ? C’est grâce à la compétence de notre cerveau pour « l’efficacité énergétique », une création d’information et de connaissance rendant possible l’utilisation de quasiment toutes les ressources biologique et minérales (aujourd’hui en particulier le pétrole) que nous avons mis au pas l’ensemble de la vie sur la quasi-totalité de la surface du globe et fait déjà disparaître une trop grande quantité d’espèces animales et végétales.

Le pétrole est la corne d’abondance qui a fait de notre monde moderne ce qu’il est. Notre volonté désormais de « l’utiliser mieux » cas nous devons en consommer moins car il est plus rare ou plus cher n’est bien sûr rien d’autre qu’une manière déguisée, tel un alcoolique qui se ment à lui-même, de ne pas admettre qu’il va être difficile de s’en passer. L’utiliser mieux n’a jamais fait diminuer la quantité globale consommée, bien au contraire, car rendant les machines plus efficientes nous les avons rendues plus pratiques et plus accessibles au plus grand nombre. C’est le  paradoxe de Jevons (ou effet rebond) mainte fois vérifié.

Par exemple : l’aviation civile a divisé par 4 la consommation de carburant km x passager
(12l/100kmxpassager en 1970 3l/100kmxpassager aujourd’hui) mais la consommation mondiale de kérosène est une exponentielle qui monte au ciel.

Que dire de l’informatique ? La quantité de calcul par unité de masse a été multipliée par un facteur 3 millions de 1946 à 2006, au point que certains y voient une économie dématérialisée. Mais tous ces appareils qui se glissent jusqu’au fond de nos poches ont un impact grandissant sur la consommation électrique et les ressources métalliques pour les fabriquer, le « Cloud » (nuage de données) nous fait croire que tout ceci n’a pas de réalité matérielle.

La loi de production maximale d’entropie (on peut l’énoncer en miroir par loi de dissipation maximale d’énergie) montre que plus d’informations a toujours permis à un système de mieux s’organiser donc de diminuer son entropie interne en augmentant sa complexité et de ce fait augmente sa dissipation d’énergie. Mais l’entropie totale ne peut qu’augmenter (seconde loi de la thermodynamique). Elle augmente à l’extérieur du système en proportion de la diminution à l’intérieur du système. Cet extérieur c’est toujours la nature, un exutoire où la pollution est rejetée.

François Roddier,  qui a analysé à travers le prisme de la thermodynamique la pyramide des sciences de la physique jusqu’à la sociologie en passant par la biologie et l’économie, nous dit ceci :

« Nombreux sont les biologistes qui, à la suite de Prigogine, réalisent aujourd’hui que la vie est un processus physico-chimique apparu sur Terre pour dissiper l’énergie solaire. L’homme a ceci de particulier qu’il a développé des processus exosomatiques pour le faire. Cela lui a permis d’utiliser des formes d’énergie solaire dites fossiles qui avait été jusqu’ici laissées de côté par les autres êtres vivants. On prend tout juste conscience aujourd’hui des conséquences que cela a entraîné: en quelques siècles la population humaine a décuplé, provoquant une extinction massive d’autres espèces tout en déclenchant une modification quasi-irréversible du climat. »

Pour illustrer le rapport étroit  entre complexité et énergie, regardons le système le plus complexe qu’il nous est donné d’étudier (sans doute à l’exception de la société industrielle moderne et mondialisée) : le cerveau humain. Le cerveau, dont la masse est de 1,4 kg tout au plus, dissipe autour de 25 % du flux d’énergie total qui traverse le corps humain (autour de 100 watts soit 2,4 kwh/jour). Il est le premier organe qui ne peut souffrir très longtemps d’une rupture de ce flux d’énergie. Par exemple : en cas d’arrêt cardiaque ses propriétés émergentes peuvent rapidement s’altérer, la marche, la parole etc…

La société industrielle est au sommet de la complexité et sa dissipation d’énergie est 10.000 fois supérieure à celle du soleil par unité de masse (voir le graphique d’Eric Chaisson et l’article de Vincent Mignerot  « Les émotions de la thermodynamique » sur le site « L’Univers passe »).

L’univers est un système constitué d’une alternance de sous-systèmes macroscopiques (galaxies étoiles etc..) et microscopiques (particules, molécules, gènes etc..) dont l’évolution est interdépendante. Chaque sous-système est plus complexe et plus dissipateur d’énergie que celui qui le contient et sur lequel il repose. Du premier instant, le big bang, une singularité initiale dense et chaude jusqu’à notre présent, l’univers n’a cessé de se diluer et de se refroidir laissant un espace presque vide de matière où des petits grumeaux éparses de complexité ont put se développer. C’est l’auto-organisation de l’univers selon Erich Jantsch :

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Auto organisation adrastia

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L’organisation est portée par l’énergie et la matière mais elle n’est pas énergie et matière, ce qui fait que le tout (un système) est un peu plus que la somme des parties qui le constituent. Un pont en pierre par exemple est plus que le tas de pierres nécessaire pour sa construction, et son organisation est portée par l’énergie potentielle des pierres au dessus du vide. Cette énergie potentielle est une petite partie de l’énergie investie pour sa construction. Cela peut se généraliser à tout système, du plus simple au plus complexe, à ceci prêt que les plus complexes ont besoin d’un investissement énergétique plus fréquent, voire permanent, pour conserver cette organisation et leur propriétés émergentes.

Or l’efficacité énergétique demande de l’organisation pour diminuer la quantité d’énergie nécessaire par unité d’opération. Il y a complexification du système. La Smart Grid (réseau de distribution d’électricité intelligent) est un bon exemple : penser que l’on va résoudre l’intermittence des énergies renouvelables par une complexification hallucinante du réseau électrique des sites éparpillés de production jusque chez le consommateur (votre lave-linge ou votre réfrigérateur se mettront en marche quand il y aura du vent ou du soleil) tout en réduisant l’impact sur les ressources est une contrevérité que l’histoire de l’évolution des techniques a toujours démenti. La complexité d’une Smart Grid étant très grande, son entretien nécessitera des interventions plus fréquentes, l’investissement énergétique augmentera d’autant. Philippe Bihouix dans « l’âge des low tech » explique comment toujours plus d’efficience des outils électroniques (et des autres aussi) conduit invariablement à augmenter  la demande en ressources métalliques. Nous exploitons des gisements de minerais de plus en plus pauvres qui demandent de plus en plus d’énergie, d’autant plus difficile à fournir que nous sommes confrontés dans le même temps à l’épuisement des énergies fossiles. Les deux courbes se rapprochant dangereusement. Aujourd’hui l’industrie minière utilise 10 % de toute l’énergie primaire mondiale et pour l’essentiel des fossiles non substituables. Ce pourcentage ne peut augmenter sans ralentir l’économie mondiale, la part laissée par l’industrie minière devenant plus faible pour le reste.

Quand les investissements sont faits pour palier les effets négatifs (déplétion et pollution) des investissements antérieurs alors il y a de forte chance que l’on arrive sur la pente glissante des rendements décroissants, voire négatifs. Les énergies renouvelables, les hydrocarbures non conventionnels aussi, ressemblent dangereusement à ce que décrit Joseph Tainter dans son livre « Effondrement des sociétés complexes ».

La Smart Grid, comme exemple, est un pas de plus vers cette pente glissante des rendements décroissants pour maintenir à tout prix un système qui se délite.
Nous sommes pris dans l’effet de la Reine Rouge (une course sur un tapis roulant pour se maintenir en place jusqu’à épuisement), mais il ne s’agit plus d’une compétition darwinienne entre espèces pour les ressources. Nous sommes devenus notre unique prédateur et notre propre proie, notre seul concurrent aux ressources. L’efficacité énergétique est la sœur jumelle du progrès (scientifique et technique), le progrès est le culte religieux que nous pratiquons tant il nous a apporté de confort et de bien-être, mais c’est un culte du matérialisme soumis aux limites de la planète.

Il est insensé de croire qu’elle nous soustraira aux lois de la nature et à l’épuisement des ressources. Je crains donc que l’utilisation de l’expression « efficacité énergétique » qui n’est pas comprise dans sa nature profonde cache une réalité que nous ne voulons pas regarder en face, à savoir qu’il serait temps de ne plus considérer la nature comme un libre-service à volonté jusqu’à épuisement, sous peine de disparaître à notre tour. La sortie de l’impasse est la sobriété à tout prix et le retour à des techniques moins efficaces mais bien plus souples d’utilisation, plastiques et pérennes. Il faut baisser nos prétentions matérielles et de confort.

Je cite Jean-Marc Jancovici dans Psychologie :

« Et comme, plus on gagne d’argent plus on consomme, l’empreinte carbone d’un français croit avec ses revenus. Cela étant, la vérité politiquement indicible est que même un smicard possède un mode de vie « non durable » au regard des limites physiques de la planète. »

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Tout système biologique ou anthropologique a la même finalité : la protection de son intégrité dans le temps. Ainsi se pourrait-il que la très grande capacité de notre cerveau à opérer l’efficacité énergétique devienne un handicap insurmontable en période de disette énergétique, comme, peut-être, les défenses des mammouths, qui étaient un avantage dans les steps de l’ère glaciaire, ne l’étaient plus quand le climat s’est réchauffé et que les forêts ont poussé.

Nous faisons de l’efficacité énergétique comme M. Jourdain de la prose sans le savoir, je ne doute pas que nous continuerons, on ne désapprend pas à parler en prose. Tentons d’apprendre malgré tout à parler en vers, et que chacun devienne un poète irrationnel mais raisonnable de l’inefficacité.

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Par Jean-Pierre Dieterlen

 

7 comments on “À l’attention de M. Jourdain : « La vie est un système qui s’auto-organise, l’efficacité énergétique est son essence. »”

  1. Dr. Goulu dit :

    Il manque un chiffre dans votre article : 7,388,101,268.
    C’est la population humaine mondiale au moment ou j’écris ceci http://www.worldometers.info/world-population/

    Les espèces ne cherchent pas l’efficacité énergétique, elles maximisent le nombre de leurs individus en consommant toutes les ressources à leur disposition.

    Si nous n’étions que quelques millions, ou disons un milliard, notre société serait « durable » sans problème. La population est un facteur essentiel de l’équation de Kaya ( http://www.drgoulu.com/tag/equation-de-kaya/ ) L’ignorer c’est aller contre un mur exponentiel : tout ce que nous gagnerons en efficacité énergétique nous pourrons l’investir en croissance de la population.

    1. Jean-Pierre Dieterlen dit :

      Bonjour Dr Goulu
      Effectivement personne ne cherche l’efficacité énergétique en tant que telle (au moins jusqu’à récemment dans l’histoire de l’humanité) et d’ailleurs comme je le souligne dans l’article nous n’en avons pas vraiment conscience, mais l’efficacité énergétique est le treuil qui permet à une espèce de monter l’échelle de la complexité. Le facteur démographique est primordial et à la base de toutes les problématiques actuelles, mais lui aussi est relié à l’efficacité énergétique et à la capacité de l’homme à s’adapter à l’environnement et donc par là à se multiplier, si tel n’était pas le cas il y a longtemps que notre croissance démographique aurait été limitée. Mais comme nous nous sommes affranchis, grâce aux hydrocarbures, de ces limites biologiques et physiques, contingentes et récurrentes, nous sommes confrontés aux limites des ressources de la planète et de son corollaire la pollution, que ces limites soient atteintes par le nombre d’individus ou par la consommation par individu ne change pas grand chose à l’affaire. La croissance démographique a été trop longtemps non verbalisée (politiquement incorrecte) et Malthus caricaturé à l’extrême d’autant plus que le pétrole (une véritable corne d’abondance) est venu, pour un temps seulement, infirmer sa théorie. La décroissance économique, encore aujourd’hui, a aussi été caricaturée, il faut voir les réactions à la sortie du rapport Meadows « Limits to Growth » quasi unanimes contre dans l’ensemble de l’éventail politique. Bref la croissance-décroissance d’aucune sorte, économique ou démographique, n’étant pas le sujet de mon article même si elles en sont les conséquences directes, je ne les ai pas traité, je veux juste tenter d’analyser le mécanisme reliant ces 3 paramètres, 1) énergie 2) information 3) complexité, qui est à l’origine des exponentielles démographique et économique.
      Bien à vous. Jean-Pierre

  2. Campergue Pierre dit :

    Chaque fois qu’il est question d’environnement ou d’organisation d’une société, il est discuté de dégradation d’énergie (Production Maximale d’Entropie) ce qui tombe évidemment dans le domaine physique. Toutefois, personne ne peut contester que le champ économique y est relié. En effet, c’est bien la « consommation » effrénée d’énergie sous forme de chaleur (Q), afin de se procurer le maximum d’énergie sous forme de travail (W), qui provoque les incidences délétères sur l’environnement. Or, quoi que nous fassions, l’énergie thermique (les combustibles essentiellement fossiles mais aussi les énergies renouvelables) a toujours un coût économique depuis que les échanges existent. Il est bien évident que plus le coût de l’énergie est bas, plus sa consommation pourra être élevée. Les domaines économique et physique sont donc imbriqués et interdépendants.

    Il est possible de présenter, au moins un lien entre ces disciplines de la manière suivante, où sans confondre la « durée de travail » qui est un temps et le « travail » lui-même, qui est une énergie, alors :

    1. Plus un produit (bien ou service) quelconque est réalisé rapidement, plus de travail (énergie) a été dépensé par n’importe quel moyen (esclaves, salariés, animaux, moteurs depuis 2 siècles), plus le prix de revient est faible (caeteris paribus), puisqu’il faut moins de temps pour élaborer le produit. Pour preuve :

    • supposons que le coût de l’heure de travail soit de 20 €,
    • pour une durée de fabrication de 8 h, le prix de revient d’un produit est de 160 €,
    • pour une durée de fabrication de 6 h, le prix de revient du produit tombe à 120 €.
    • le travail (W) dépensé dans la seconde hypothèse est 78 % supérieur que dans la première.

    2. En conséquence, dans un échange économique, plus il y a de travail inclus dans un produit qui circule du fournisseur au consommateur, moins de monnaie circule en sens inverse. Un échange économique est donc un déséquilibre de plus en plus accentué en fonction de la productivité.

    3. Toutefois, plus de travail est inclus dans un produit, plus le consommateur garde, par devers lui, une quantité de monnaie égale à la diminution de prix.

    4. Alors, l’équilibre peut être admis et il est possible de soutenir que :
    le travail supplémentaire effectué par le fournisseur est TRANSFORME en monnaie supplémentaire détenue par le consommateur.

    C’est bien comme cela que nous sommes passés :
    • d’une société de subsistance, sinon de disette,
    • à une société d’abondance, sinon de déchets.

    Ainsi, nous sommes en présence d’une transformation (physique) et non plus d’un flux (comptabilité). Nous pouvons donc présenter les deux transformations séquentielles suivantes :
    • d’abord : Transformation 1 – Chaleur-Travail (thermodynamique)
    • ensuite : Transformation 2 – Travail-Monnaie (économie)

    Sachant que le formalisme de la thermodynamique puisse appréhender les évolutions suffisamment régulières de systèmes de variables convenablement définies, il est alors autorisé de considérer la deuxième transformation (travail-monnaie) similaire, mais non identique, à une transformation énergétique : le raisonnement étant commun mais les caractéristiques, variables et fonctions étant évidemment différentes.

    Il existe donc, au moins, une relation entre l’énergie dépensée sous forme de chaleur et la richesse créée sous forme de monnaie d’un système économique.

    En conséquence :
    • La monnaie ne doit pas être considérée comme celle qui circule du fournisseur au consommateur, mais comme celle que le consommateur détient en sus après une baisse de prix, et qu’il pourra utiliser ultérieurement à sa convenance, en fonction des contraintes auxquelles il est soumis.

    Cette nouvelle façon d’appréhender la monnaie permet ainsi de rattacher l’économie (hormis la finance) à la thermomécanique justifiant l’assertion que le fonctionnement de toutes les inventions humaines ne peuvent être que soumises et asservies aux sciences de la nature.

    Il est bien certain que quelques lignes n’autorisent pas à exhiber la justification de cette nouvelle approche des échanges économiques.

    Je vous remercie de l’accueil que vous voudrez bien accorder à ce message.
    Bien à vous.

  3. Jean-Pierre Dieterlen dit :

    Merci Pierre pour votre message, Je ne suis pas sûr de saisir tout ce que vous voulez dire.
    Sans doute mes connaissances en économie sont trop faibles et le lien entre énergie et monnaie est difficile à établir. Je peux par contre faire une liste d’un certain nombre de points qui nourrissent ma réflexion sur le lien énergie/monnaie.

    1) la monnaie ne paye que les hommes pour un travail ou une rente, les ressources n’ont en fait pas de coût financier pour être extraites de la nature, la nature n’a que faire de l’argent des hommes.

    2) Si les ressources n’ont pas de coût financier elles ont par contre toutes un coût énergétique, même l’air que nous respirons à un coût énergétique puisqu’il nous faut un appareil respiratoire et de l’énergie pour inspirer et expirer l’air de nos poumons.

    3) C’est donc la quantité de travail humain et la disponibilité (toutes les ressources ne sont pas présentes également partout) qui va déterminer le prix d’une ressource ainsi que pour transformer les ressources en biens de consommation. L’accès à des énergies abondantes et à un faible coût énergétique (ERoIE ou taux de retour énergétique), les hydrocarbures en l’occurrence, combiné à des machines (moteur thermique et électrique) de plus en plus efficaces, ont permis d’augmenter dans des proportions faramineuses la productivité du travail humain, faisant ainsi baissé le prix des productions, en 1er lieu alimentaires, permettant à un nombre croissant d’êtres humains de faire autre chose. Nous sommes donc passé du secteur agricole (avant la révolution industrielle et surtout la révolution verte, un agriculteur produisait pour 1 personne et 1/2, aujourd’hui c’est autour de 150 ) au secteur industriel et par un processus similaire au secteur tertiaire.

    4) La monnaie est l’unité de mesure principale (et unique ?) de l’économie, elle mesure les échanges mais ne dit pas grand-chose sur la réalité physique des ressources, elle en dit un peu sur la difficulté à les extraire et rien sur les stocks restants. Elle ne nous dit rien sur le caractère nécessaire ou superflu et substituable d’une activité ou d’une ressource. Larry Summers donne cet exemple : l’électricité représente 4% du PIB d’un pays, si pour une raison ou une autre la production baisse de 75% un calcule stupide laisse penser que le PIB de ce pays a baissé de 3%, sauf qu’avec 75% d’électricité en moins c’est toute l’activité économique que se trouve au ralenti. Il n’en va pas de même avec l’industrie cosmétique, moins de rouge à lèvre ou de crème de beauté ne vont pas affecter autant le reste de l’économie, demain s’il y a moins d’ananas, c’est bien dommage pour les producteurs d’ananas, mais les consommateurs, eux, mangeront des mangues, c’est une ressource substituable dans une certaine mesure.

    5) La monnaie est le seul objet dont la fonction d’usage et la fonction d’échange sont strictement confondues, alors que pour tout autre objet ces 2 fonctions sont strictement séparées. Ce qui d’ailleurs n’en fait pas réellement un objet, si ce n’est le besoin de la fiduciariser par des métaux précieux, mais depuis que l’étalon or a été abandonné ( fin des accord de Bretton Woods en 1973) et l’avènement de l’informatique elle est matérialisée par la plus petite unité matérielle qui soit, l’électron. La monnaie est de l’information, dans le sens où elle nous permet de nous organiser, de diminuer l’entropie interne de notre vie et à la fois une mesure statistique de l’énergie que nous dissipons, la monnaie que nous dépensons dans l’économie réelle bien sûr (celle qui implique des flux physique) , celle qui est thésaurisée ou investie dans la spéculation (sans quasiment de flux physique et surtout pas en proportion des échanges) reste ce qu’elle est, à savoir une richesse virtuelle, une dette que la société des hommes reconnait à celle/celui qui la possède. D’un point de vue thermodynamique Francois Roddier compare la monnaie à un catalyseur, ou encore des enzymes en biologie, elle permet d’activer et d’accélérer les échanges et les transformations, le troc c’est sympa mais cela limite considérablement les échanges.

    6)Le prix : valeur relative, valeur d’équilibre.
    Le prix est une valeur relative, en ceci qu’il représente une portion plus ou moins importante du revenu de l’acheteur, pour les quelques 2 milliards des plus pauvres de la planète, le prix des denrées alimentaires de base comme le riz ou le pain sont chers car cela peut représenter jusqu’au ¾ de leurs revenus, pour le milliardaire le caviar n’est pas cher et il peut en manger matin midi et soir tous les jours de l’année si ça lui chante, cela ne représente qu’une part infime de sa richesse.
    Le prix est une valeur équilibre entre ce qu’un acheteur peut, ou est prêt payer et, ce qu’un vendeur accepte pour le travail qu’il fournit. Il y a donc 2 facteurs dans cette équation qui vont tirer le prix dans des sens opposés, l’acheteur à la baisse, le vendeur à la hausse. Cette évidence ne semble pas avoir frappé l’esprit de bon nombre de commentateurs économiques et de nos concitoyens. Avec la hausse de la demande et la baisse de l’offre annoncée de pétrole (pic pétrolier) bcp voyaient le prix du baril s’envoler (vers l’infini et au-delà) et c’est ce qu’il a fait dans un 1er temps, mais les consommateurs ne peuvent pas indéfiniment payer plus cher le pétrole, d’autant que le pétrole est dans tous les secteurs de l’activité économique et, difficilement, voire pas, substituable. Il y a donc eu une baisse de l’activité économique, avec son lot de conséquences douloureuses, licenciement-chômage, baisse des revenus et des budgets des états. Par ailleurs les producteurs de pétrole sont tout aussi dépendants du pétrole que les consommateurs, si non plus, car c’est généralement leur source principale de revenus, voire unique, ils sont en concurrence les uns avec les autres et contraints de la vendre même à un prix bas, sous peine de ne plus avoir accès aux autres ressources, mêmes les plus primordiales comme la nourriture. Il y a donc fort à parier que le prix du pétrole va faire des écarts importants comme cela vient de se passer entre l’été 2014 et la fin 2015 ou le prix a été divisé par plus de 3, mais cela ne signifie absolument pas que l’offre ait été multiplié par 3 et par ailleurs la demande est restée stable en légère diminution.
    Cette variation du prix est le signe d’une tension grandissante entre des pays importateurs qui ne peuvent plus financer leur dette souveraine avec un prix trop haut d’une part et, des pays producteurs qui ne peuvent plus importer d’autres produits nécessaires et l’industrie pétrolière qui ne peut plus financer les nouvelles exploitations bien plus chers avec un prix trop bas d’autre part, comme le fait remarquer Benoît Thévard sur son blog. La seule chose dont nous puissions être sûr sur le prix du pétrole c’est qu’à la fin il sera à zéro, c.a.d. le jour où le système économique qui fonctionne dessus sera mort.
    Le pétrole est le sang du diable comme le disent les Saoudiens, cette expression vient de Juan Pablo Pérez Alfonzo (Vénézuélien) fondateur de l’OPEP avec Abdullah ibn Hamoud Tariki (Saoudien) qui parlait de merde du diable, mais je préfère celle-ci qui me semble mettre en évidence à la fois le pacte faustien que nous avons passé en exploitant cette ressource et le fait qu’elle est le système circulatoire de l’économie, la majorité du transport étant assuré par le pétrole.

    Ces deux valeurs vont donc s’affronter, entre un système basé sur le pétrole qui ne veut pas mourir et système nouveau sans pétrole qui n’arrive pas à émerger, pour paraphraser Antonio Gramcsi.

    La valeur relative va devenir trop cher pour bon nombre de personne par la paupérisation rampante, et la valeur d’échange trop faible pour que le système de la production pétrolière y trouve son compte. Les pétroles non-conventionnels (Schiste, sables bitumineux, offshore ultra-profond etc..) vont s’arrêter les 1ers par la faute d’un taux de retour énergétique trop faible. Par ailleurs si l’on ne peut pas parler de taux de retour énergétique pour les autres ressources, métalliques notamment, elles ont tout de même un coût énergétique, qui représente un ratio prélevé sur le débit de l’énergie totale primaire mondiale ( la puissance c.a.d. une quantité d’énergie par unité de temps, on parle souvent de taille du robinet qui a un débit maximum) à laquelle nous avons accès. Il y a une loi en géologie, la loi de Lasky, qui dit que le taux de concentration d’un minerai est inversement proportionnel à la taille du gisement, cette loi est en grande partie vraie pour la plus part des métaux à l’exception sans doute du fer et de l’aluminium qui sont très présents dans la croute terrestre. Cette loi à un effet curieux car à mesure que l’on exploite des gisements plus pauvres (moindre concentration) les ressources augmentent, plus je mange de gâteau plus il en reste, incroyable ! Cela reste une illusion, bien entendu, mais elle a bien fonctionné, il y a 30 ans on nous annonçait qu’il ne restait plus que 30 ans de cuivre et voilà qu’aujourd’hui il reste encore 50 ans de cuivre (les chiffres sont faux mais la démonstration est vraie, il faut que je cherche des données réelles), donc il n’y a pas de problème d’épuisement des ressources et pour les « économistes classiques » l’accès à de nouvelles ressources n’est qu’un problème technique et d’innovation. Oui mais voilà à chaque fois que l’on exploite des gisements plus pauvres (taux de concentration plus faible), il faut plus d’énergie pour produire la même quantité de métal, malgré toute l’inventivité des ingénieurs. Ceci pouvait fonctionner tant que le robinet d’énergie mondiale n’était pas ouvert à fond, l’illusion est là, et que l’on pouvait en augmenter le débit. Le ratio d’énergie prélevée par l’activité minière sur l’énergie primaire totale augmentait, ce qui un déjà un problème, mais ne diminuait pas l’énergie restante pour les autres activités économiques, même si dans une certaine mesure cela contraignait déjà la croissance. En 2005- 2006 nous avons atteint une limite, celle du pic des pétroles conventionnels, et la conséquence ne s’est pas fait attendre bien longtemps, puisque l’on peut considérer que la crise de 2008 est un choc pétrolier, bien que bcp d’économistes ne l’aient pas vu comme ça. Le prix a joué son rôle de tampon entre la contrainte physique et la contrainte économique, la monnaie étant une richesse virtuelle qui peut attendre tant que l’on n’exige pas qu’elle soit actualisée, c.a.d. transformer en biens de consommation réels. Le moment de vérité intervient lorsque la monnaie est dépensée dans l’économie réelle et qu’elle exige de dissipée de l’énergie. Il est intéressant de noter ici comme le disait Frederick Soddy que le capital financier et matériel est porté par l’énergie potentielle, il faut de l’énergie potentielle (de faible entropie) comme les hydrocarbures et leur liaisons carbone- hydrogène pour faire tourner l’économie réelle et, par ailleurs tout capital matériel, un pont, une route, de l’acier, du verre du bois… toute infrastructure est un système qui contient de l’énergie potentielle. C’est cette énergie potentielle qui donne ce que l’on appelle en thermodynamique la spontanéité du système. La spontanéité ne signifie pas l’instantanéité, mais que cette énergie potentielle entrera en action un jour ou l’autre, ( « enérgeia » signifie la force en action en grec ancien bien qu’aujourd’hui la notion d’énergie aille bien au-delà de cette simple assertion) et réduira le système a un état thermodynamique plus stable. Nous savons tous d’expérience, que tout objet tend à se dégrader et qu’il faut régulièrement le restaurer, le réparer, il faut régulièrement lui redonner l’énergie potentielle qu’il a perdu ou, le renplacer.

    7) Une petite histoire, plus accablante que drôle, pour finir.
    Deux économistes marchent dans le désert, il fait chaud et autour d’eux il n’y a que du sable. Le 1er dit à l’autre : Dis donc as-tu pensé à prendre de l’eau ? Ah non, mais tu es économiste comme moi ! Donc tu sais que le marché va régler le problème, il suffit de proposer suffisamment d’argent pour avoir de l’eau.
    Aussi incroyable que cela puisse paraitre pour l’économie classique il n’y a que deux choses qui comptent, le capital et le travail, les ressources ne sont jamais un problème d’accessibilité ou de quantité disponible mais, de prix. Cette idée a colonisé nos esprits pour la majorité d’entre nous qui ne comprenons rien à l’économie, et pour cause, nous faisant perdre toutes notions des réalités et, l’énergie abondante nous a fait perdre la valeur des choses les plus élémentaires.

    1. Campergue Pierre dit :

      Monsieur Dieterlen bonjour,

      Notre association parmi beaucoup d’autres s’intéresse à une décroissance très probable à moyen terme (de l’ordre de la décennie) et à un effondrement inéluctable à long terme (de l’ordre du siècle).

      L’objet d’Adrastia « […] le commité Adrastia a pour but de favoriser les échanges d’informations et de compétences afin d’anticiper au mieux ce déclin […] ». Il est basé sur le constat que « il n’a pas été démontré que [l’humanité] soit capable de s’affranchir de déterminismes évolutifs (lois de l’évolution, principes de la thermodynamique), qui expliquent pourquoi aucune transition énergétique n’est réalisable […] ».

      Mon premier message indiquait que la monnaie ne pouvait provenir que du travail effectué et surtout pas des banques (qui n’est qu’une vue de l’esprit) ce qui est mathématiquement démontrable par quelques lignes d’analyse. La monnaie ne provenant que du travail, il y était montré qu’il était possible d’appréhender ce phénomène comme une transformation économique assimilable à une transformation énergétique (chaleur-travail). Ce courriel revient sur ce point de manière générale et propose d’envisager l’économie comme un pendant de la thermodynamique. Ceci est inscrit en toutes lettres dans le but d’Adrastia, deuxième constat repris ci-dessus (lois de l’évolution, principes de la thermodynamique).

      « Car rien n’échappe aux lois implacables de la thermodynamique. La société humaine, comme toute machine ou tout organisme, y est rigoureusement soumise » (De Rosnay).

      Il ne peut être démontré que l’humanité soit capable de s’affranchir de détermines évolutifs… Mais il peut être démontré l’inverse c’est-à-dire que l’humanité ne peut en aucun cas s’affranchir des LOIS NATURELLES.

      = = = = =

      « Il n’y a qu’une façon de remettre de l’ordre dans la faculté de penser : c’est d’oublier tout ce que nous avons appris, de reprendre nos idées à l’origine, d’en suivre la génération et de refaire l’entendement humain » (Lavoisier).

      Et c’est très difficile d’oublier. En effet :

      « Je n’ignore point la résistance qu’oppose la routine, cette ennemie aveugle et opiniâtre du bien qu’on lui présente, tant qu’il porte le caractère de la nouveauté ; je sais avec quelle persévérance elle se replie sans cesse sur elle-même pour perpétuer son empire » (Talleyrand-Périgord).

      Il est de notoriété que l’économie comprend un corpus énorme de thèses, doctrines, études, concepts, etc. qui n’ont jusqu’à présent jamais permis d’appréhender les échanges de manière explicative et prédictive. Vous connaissez l’adage « Un économiste est quelqu’un qui vous explique très bien aujourd’hui pourquoi il s’est trompé hier » qui expose à la perfection l’état actuel de la « science » économique, ce dont, j’en suis persuadé, vous convenez avec d’éminents économistes dont certains sont nommés ci-dessous, tels que :

      • Keen – « L’économie néoclassique est bien davantage un système de croyances qu’une science ».
      • Stiglitz (Prix Nobel) – « La théorie économique est devenue un monde autosuffisant, une fausse représentation de la réalité ».
      • Leontief (Prix Nobel) – « Dans aucun autre domaine de la recherche que l’économie, il n’a été fait usage d’un appareil aussi massif et raffiné que les statistiques pour des résultats aussi médiocres ».
      • Simon (Prix Nobel) – « Je ne connais aucune science [autre que l’économie] qui ait la prétention de parler de phénomènes du monde réel, et se livre à des exposés en aussi flagrante contradiction avec les faits ».
      • Simon (Prix Nobel) – « Si la théorie microéconomique standard est fausse, pourquoi ne pas s’en débarrasser ? Je pense que les manuels sont scandaleux. Je pense qu’exposer de jeunes esprits impressionnables à cet exercice scolastique, comme s’il disait quelque chose sur le monde réel, est scandaleux ».
      • Etc.

      Nous savons que toute théorie doit être libre et exempte de tout caractère anthropique mais que toutes les applications ressortissent toujours à une décision et volonté humaines. Une théorie est relative aux Sciences de la Nature, les applications sont afférentes aux Sciences de l’Homme. Toutefois, si la définition de l’application est une conséquence d’une décision de l’homme, la réalisation de l’application ne peut être qu’assujettie à la théorie.

      Par exemple :

      Beaucoup d’épures ont été présentées pour la construction du viaduc de Millau. Parmi toutes celles-ci le choix final fut une décision humaine, mais toutefois la construction fut obligatoirement soumise aux lois de la Nature, sous peine d’effondrement.

      Or, il est facile de constater que toute la « science » économique n’est systématiquement basée que sur la présence effective ou sous-jacente de l’homme.

      Pour preuve : quels effets aura la construction d’une autoroute ? Quelle incidence aura une baisse des impôts locaux avec une hausse de la fiscalité directe ? Quels investissements seront les meilleurs pour satisfaire à tel objectif ? Etc. Ainsi l’économie appartient au domaine des applications mais, puisqu’aucune théorie n’est connue, la réalisation de l’application est sujette à opinions divergentes, discussions, controverses et manifestement souvent erreurs.

      = = = = =

      « En méditant sur la nature des sciences morales, on ne peut s’empêcher de voir qu’appuyées comme les sciences physiques sur l’observation des faits, elles doivent suivre la même méthode, acquérir une langue également exacte et précise, atteindre au même degré de certitude » (Condorcet).

      Pour preuve :

      Bien évidemment, tout un chacun est persuadé de savoir ce qu’est le travail. Aussi je me permets de vous relater l’anecdote suivante, lors d’une discussion avec un professeur d’économie en lycée :

      Moi – Supposons que vous soyez un artisan travaillant 8 heures par jour et que je vous demande d’élaborer un canapé comme celui sur lequel nous sommes assis. Supposons de plus que vous estimiez la durée de fabrication à 5 jours. Vous admettez alors que le travail est quelque chose de fixe, de constant, correspondant au canapé à élaborer.
      Lui – Tout à fait.
      Moi – Fort bien ! Maintenant, ayant besoin de ce mobilier très rapidement, je vous demande de le réaliser, non plus en 5 jours, mais en 3. Est-ce le même travail ?
      Lui – Mais, pas du tout !
      Moi – Toutefois, vous venez de convenir que le canapé représentait le travail à fournir, donc que le travail est identique quelle que soit la durée d’élaboration. Alors, le travail est-il quelque chose de fixe ou bien de variable suivant la vitesse de fabrication ?
      Lui – … ??? … …

      Cette historiette oblige à admettre qu’en économie il est impératif de définir avec exactitude les différentes caractéristiques usitées. Beaucoup d’autres exemples peuvent être exposés.

      = = = = =

      « La connaissance scientifique progresse en se libérant de la fascination qu’exercent sur les esprits certains faits tenus pour évidents et par là soustraits à la critique » (Besnier). Et des faits tenus pour évidents, il est possible d’en lister beaucoup.

      Pour preuve :

      D’abord Ricardo, puis Marx ont soutenu que « la valeur des biens correspond à la quantité de travail nécessaire à leur production » ce qui tombe, a priori, sous le coup du bon sens. Ceci est repris dans tous les manuels d’économie et y est défini comme la loi de la valeur-travail, et c’est bien un fait tenu pour évident. Alors, permettons-nous de le critiquer. Ainsi, pour l’élaboration d’un produit quelconque :

      • si, plus un produit a nécessité de travail, plus il est onéreux,
      • alors, moins un produit a nécessité de travail, moins il est cher.

      Donc cela veut dire que pour diminuer les prix, il faut moins travailler. Ce doit être la joie dans les ateliers. Pensons-nous une microseconde à la véracité de ce fait tenu pour une évidence. Nous nous doutons bien que le travail est appréhendé ici comme la durée de travail qu’il a fallu exercer pour la réalisation du produit et non pas comme l’énergie nécessaire à la fabrication. Il est indéniable que la confusion d’une durée (qui est un temps) et d’un travail (qui est une énergie) est une absurdité flagrante. Il est indispensable de revenir à la raison pour savoir ce dont on parle.

      = = = = =

      « Laisse tomber la routine. Préfère les nouvelles routes aux chemins mille fois empruntés » (Picasso).

      Pour preuve :

      La microéconomie conventionnelle est basée sur les phénomènes se produisant dans le choix d’un acquéreur entre deux produits différents. Par exemple choisir entre des pommes ou des poires, entre un réfrigérateur et un lave-linge, etc. Il est bien certain que cette doctrine est parfaitement statique. Dans la réalité un individu acquiert et dispose petit à petit d’un réfrigérateur, d’un lave-linge, d’un téléviseur, d’un lave-vaisselle et de bien d’autres choses. Ceci ressortit indéniablement à la dynamique et non plus à la statique. Cela ne sert à rien de savoir si un acquéreur choisit pommes OU des poires. Ce qui est important est de comprendre comment faut-il procéder pour acquérir des pommes ET des poires ? Le changement de la conjonction OU en conjonction ET modifie tout.

      = = = = =

      « L’analyse mathématique unifie les effets les plus divers et révèle leurs propriétés communes […]. A l’œuvre dans toute la nature, elle est un élément préexistant de l’ordre universel » (Fourier).

      Par expérience, nous savons que la comptabilité n’a jamais rien expliqué. Seule l’analyse mathématique à partir du début du 18e siècle avec les définitions analytiques de la vitesse et de l’accélération (Varignon) a permis la compréhension d’un grand nombre de phénomènes physiques et le développement de toute la technologie qui nous entoure et que l’on utilise directement ou indirectement.

      La Loi incontournable de l’économie est celle de « l’offre et de la demande ». Cette loi stipule qu’à un instant donné l’offre et la demande sont considérées comme deux quantités (égales ou non), ce qui est absolument illogique.

      Pour preuve :

      Soutenir que l’offre est de 80 tabourets ou la demande est de 6 balais ne veut strictement rien dire. Pour que ces deux caractéristiques soient définies correctement il est impératif de préciser le nombre d’exemplaires par unité de temps, soit 80 tabourets par jour et 6 balais par heure. Si la durée n’est pas indiquée n’importe quelles quantités peuvent être exposées. Si un quidam m’informe que l’offre est de 6 balais, je pourrai lui rétorquer qu’elle est de 48 ou de 0,1. N’importe quelle valeur faisant l’affaire (en l’occurrence : 48 balais par jour ou 0,1 balai par minute). De plus, l’offre et la demande sont deux caractéristiques qui peuvent incontestablement varier dans le temps. Par exemple, il est irréfutable que les quantités de maillots de bain ou de sorbets évoluent suivant les saisons. En définissant l’offre et la demande comme des quantités il rigoureusement impossible de déterminer leurs variations. Il est alors indispensable de prendre en compte le facteur temps.

      Dire que :

      • l’offre est de 80 tabourets (ou tout autre exemple) relève de la comptabilité,
      • l’offre est de 80 tabourets par jour (ou tout autre exemple) dépend de la physique,

      et cela aussi change tout. Il est alors important de constater que cette dernière définition est rigoureusement la même que celle donnant la vitesse de rotation d’un moteur, et l’on peut exhiber que :

      • l’offre est le nombre de fois qu’est réalisé le cycle de fabrication d’un exemplaire du produit par unité de temps,
      • la vitesse de rotation est le nombre de fois qu’est réalisé le cycle de fabrication du travail par unité de temps.

      Ceci est indéniable. Or, nous savons que c’est au niveau du cycle de rotation (1 détente isotherme, 2 détente adiabatique, 3 compression isotherme, 4 compression adiabatique) que se situe la création de travail (transformation de chaleur en travail). C’est donc au niveau du cycle de fabrication (1 transaction vendeur-transformateur, 2 élaboration par le transformateur, 3 transaction transformateur-acquéreur, 4 utilisation par l’acquéreur) que se situe la création de richesse.

      Que ce soit en physique ou ici en économie, il est à remarquer la comparaison très importante suivante :

      • les étapes 1 et 3 s’effectuent avec contact et sans modification ni de la température, ni du produit,
      • les étapes 2 et 4 s’effectuent sans contact et avec modification de la température et du produit.

      Nous voyons ici la parfaite identité entre les deux disciplines (thermodynamique et économie).

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      « Dans le monde moral, de même que dans le monde physique, il n’existe pas d’anomalie, rien n’est étrange. Tout est ordre, symétrie et loi » (Buckle).

      Pour preuve :

      L’Etre Humain est une composante comme une autre de l’Univers. En effet, ce dernier ne discrimine absolument aucun de ses éléments. Toutes les lois physiques s’appliquent indistinctement et indifféremment à toutes ses parties et de la même façon à l’homme. Nous savons que son évolution est régie par des Principes extrémaux, tel que celui de moindre action. Ceci signifie que tout individu est astreint aux Lois Naturelles et ne peut jamais s’en émanciper.

      En conséquence, toutes les trouvailles, inventions, artefacts, etc. issus de l’imagination humaine sont obligatoirement redevables de ces Lois Naturelles. Or, la monnaie ne peut faire exception car personne ne peut contester qu’elle soit une invention de l’esprit fertile de l’homme. Ainsi, la monnaie, les échanges, c’est-à-dire le fonctionnement de l’économie en général (hormis peut-être la finance), est obligatoirement asservi à ces lois.

      = = = = =

      « Bien que des couples de choses puissent différer considérablement l’un de l’autre, la relation entre les éléments d’un de ces couples peut être la même relation entre les objets d’un autre couple. Or, du point de vue scientifique, c’est la relation qu’il importe de connaître » (Maxwell).

      Les réflexions ci-dessus montrent qu’il est indispensable de revenir aux faits les plus simples et qu’il est donc impératif de suivre la prescription de Lavoisier (tout oublier).

      Nous savons que le niveau de vie est relié à la consommation d’énergie sous forme thermique (chaleur) laquelle est transformée en énergie sous forme mécanique (travail). Cette transformation de chaleur en travail constitue la thermodynamique. C’est ce travail qui est utilisé pour la fabrication de tout produit. Ce travail est effectué par n’importe quel moyen. Ce peut être les individus (esclaves, salariés, …), les animaux (bœufs, chevaux, …), et depuis le début de la révolution industrielle, surtout les moteurs (machines à vapeur, moteurs thermiques, moteurs électriques, …)

      Or, pour améliorer la productivité il est obligatoire d’augmenter la quantité de travail utilisé. Si la quantité de travail est accrue, alors la productivité est augmentée : la durée de fabrication est diminuée ce qui implique un prix de revient inférieur (toutes choses étant égales par ailleurs). Le prix étant inférieur, le consommateur de ce produit garde dans sa bourse une quantité de monnaie égale à la diminution du prix et s’est donc enrichi. Il est donc possible de soutenir que :

      • le travail supplémentaire effectué par le fabricant correspond à la monnaie supplémentaire détenue par l’acquéreur.

      En effet, si l’augmentation du travail est importante, la baisse de prix le sera également et le consommateur détiendra d’autant plus de monnaie et inversement. Ceci peut être appréhendé comme une transformation de travail en monnaie.

      La monnaie ne doit plus être considérée comme celle qui circule du consommateur au fournisseur, mais comme celle que le consommateur détient en sus après une baisse de prix ; cette diminution du prix provenant obligatoirement d’une application plus importante de travail.

      En conséquence, il est possible de postuler l’existence de deux transformations consécutives, à savoir :

      • d’abord : une transformation de chaleur en travail (ce qui constitue la thermodynamique),
      • ensuite : une transformation de travail en monnaie (ce qui constitue les échanges économiques).

      Ces 2 transformations peuvent être condensées comme suit :

      • CHALEUR -transformation- TRAVAIL -transformation- MONNAIE

      Ainsi, il est autorisé, tout au moins en guise d’essai et de proposition, d’assimiler, de rapprocher, de comparer, la deuxième transformation à la première en utilisant exclusivement le même formalisme mais non les caractéristiques, variables et fonctions.

      Puisque l’énergie consommée (chaleur) et la richesse produite (monnaie) sont liées par le travail, l’existence au moins d’une relation analytique (mathématique) est impérative. C’est cela qu’il faut rechercher. Connaissant le formalisme de la thermodynamique, il est possible de l’appliquer à la transformation de travail en monnaie, puis de mettre en regard la quantité de monnaie produite et la chaleur utilisée nécessaire à cette création.

      Je ne suis pas économiste et c’est tant mieux. Je suis certain que pour remettre les compteurs à zéro ou les pendules à l’heure, il vaut mieux ne rien savoir puisqu’il faut oublier tout ce que nous avons appris. Copernic, Galilée, Newton, etc., ont d’abord piétiné puis jeté aux orties les idées du Stagirite défendues avec acharnement par tous les scolastiques. C’est cette émancipation qui a permis le retour à la raison. Essayons de faire de même.

      Avec mes respects, bien à vous.

    2. Campergue Pierre dit :

      Monsieur Dieterlen bonjour,

      J’ai très certainement de la difficulté à exprimer correctement mes idées et je vous prie de m’en excuser. Aussi je me permets de vous adresser ce nouveau message.

      Je suis tout à fait d’accord avec votre réponse à mon premier courriel. Toutefois, une constatation n’est pas une explication et je cherche à aller plus loin dans la compréhension des phénomènes. Par exemple :

      • avant la révolution industrielle, un agriculteur nourrissait 1,5 personne et maintenant 150, soit 100 fois plus. Dire que c’est la mécanisation (consommation d’énergie mécanique) et l’utilisation de produits phytosanitaires (consommation d’énergie chimique) ne me satisfait pas intellectuellement malgré que cette assertion soit juste phénoménologiquement. Ce qui serait éminemment intéressant de connaitre, c’est la relation mathématique reliant ces consommations d’énergies et le coût des produits qui en sont issus (légumes, protéagineux, oléagineux, céréales, bovins, ovins, caprins , …).

      • tout le monde sait que, lorsque l’offre d’un produit diminue, son prix augmente. Et vous dites que le prix du pétrole a été divisé par 3 en 1 an nonobstant que l’offre n’ait pas été multipliée par ce coefficient. Quelle est donc la loi mathématique qui régit les échanges ? C’est cela qu’il serait bon de savoir.

      Je ne cite que deux cas mais une liste profuse d’exemples pourrait être dressée. Comme déjà précisé dans mes précédents courriels, c’est de comprendre de manière absolument générale le phénomène qui a permis l’évolution d’une société de subsistance à une société d’abondance. Cependant, si les relations analytiques autorisant l’appréhension de cette évolution sont connues, alors elles régiront le passage d’une société d’opulence à une société de suffisance. Alors les mesures de politique économique pourraient être prises normalement à bon escient en limitant les erreurs d’appréciation.

      Avec mes respects, bien à vous.

  4. Hal dit :

    Monsieur,
    Je me permets de vous citer :  »
    “Il n’y a qu’une façon de remettre de l’ordre dans la faculté de penser : c’est d’oublier tout ce que nous avons appris, de reprendre nos idées à l’origine, d’en suivre la génération et de refaire l’entendement humain” (Lavoisier).
    […]
    Les réflexions ci-dessus montrent qu’il est indispensable de revenir aux faits les plus simples et qu’il est donc impératif de suivre la prescription de Lavoisier (tout oublier).
    […]
    Cependant, si les relations analytiques autorisant l’appréhension de cette évolution sont connues, alors elles régiront le passage d’une société d’opulence à une société de suffisance.
    Alors les mesures de politique économique pourraient être prises normalement à bon escient en limitant les erreurs d’appréciation.
     »
    La société d’opulence a permis la découverte (et tout du moins de mettre en application) dans le domaine de la psychologie cognitive, dans un premier temps le principe de cohérence automatique ou autrement dit le principe de cohérence instinctif qui est un des nombreux comportements régis par notre « cerveau ».
    Nous réfléchissons une fois à un problème, on trouve une solution à cet instant qui est optimale. Ensuite, nous l’appliquons au quotidien, on le transmet à nos enfants, et tout ceci est automatique.
    Nous avons appris à répondre de manière automatique à certains stimuli parce que cela nous évite d’avoir à penser.
    Et même si cela nous conduit à adopter régulièrement des comportements inadaptés, nous acceptons cette imperfection : nous n’avons pas le choix. Sans cela, nous passerions notre temps à supputer, évaluer et analyser au lieu d’agir.

    Quid de ce principe de cohérence automatique s’il n’est plus ajusté à notre environnement ?
    Vous avez la réponse générale constamment sous les yeux comme tout le monde et je vous fournis un exemple supplémentaire : un 7e continent constitué de déchet.
    Dans un second temps, la loi ou principe de réciprocité qui est aussi un des comportements automatiques (instinctifs) que l’être humain a mis en place inconsciemment afin de pouvoir vivre en société de façon harmonieuse.

    « Si une personne nous fait grâce de quelque chose, il faut lui rendre en retour. »
    Le contrat de travail est inspiré de la loi ou principe de réciprocité. Je te donne un salaire et en échange tu me donnes de ton temps.
    Maintenant, face à tout ce qui se passe, il semblerait que l’humain soit face à une dissonance cognitive, une incohérence, un conflit mental.
    Et il est tellement difficile pour notre cerveau de se reprogrammer (très grande consommation d’énergie), que notre cerveau nous protège en nous mentant à nous-mêmes.
    On ajoute à cela : « Vous êtes ce que les autres pensent de vous ».
    Vous avez toutes les clés pour faire face à vos programmations (mécanisme psychique bien entendu). Attention à ne pas vous perdre avec ces outils, vous risquez de perdre votre identité …
    Concernant la société de suffisance, je suis intéressé. Auriez-vous commencé à faire des projections depuis les données de l’INSEE vers un modèle économiquement stable (suffisant?) sur quelques générations?
    Cela m’intéresse grandement.

    Je suis très heureux d’avoir trouvé ce site. Même si mon réveil est tardif.

    Bien à vous,
    Hal

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