Reforester pour capter le CO2 anthropique ? Par Paul Racicot

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Planter des arbres, « reforester », est-il une bonne idée pour capter et stocker le CO2 anthropique afin de limiter l’augmentation de la température de la biosphère ? Sûrement. Mais quelle en est la limite, disons, quasi absurde ?

 

  • Le CO2 anthropique à absorber chaque année

Chaque année, nous émettons 40,3 milliards de tonnes (Gt) de CO2.

Selon le GIEC, 60 % de ces émissions sont absorbées par les végétaux et les océans.

Il reste donc 40 % de 40,3 Gt de CO2 à capter via la reforestation.

Soit : 16,1 Gt.

 

  • Le nombre d’hectares de forêt à ajouter

Or, chaque hectare de forêt capte (en moyenne) 3,7 tonnes de CO2 par année (source Rue89.NouvelObs : Et le meilleur outil contre le dérèglement climatique est…).

N.B. Il faut tout de même, disons, 30 ans pour qu’elle atteigne sa maturité et stocke, chaque année, ces 3,7 tonnes de CO2.

À ma calculette : 16,1 Gt de CO2 / 3,7 tonnes de CO2 par hectare = 4,3 milliards d’hectares (ou 4,3 Gha).

4,3 Gha de forêt (« moyenne » et à maturité), soit 43 millions km2, sont donc requis pour absorber, après année, les émissions annuelles de CO2 d’origine anthropique.

 

  • Les terres émergées

« Les terres émergées représentent 29 % de la surface de la Terre, soit 14 900 millions d’hectares. »

Donc, de l’Arctique à l’Antarctique, 14,9 Gha (149 millions km2) est la surface maximale « disponible » à la plantation.

Donc, 4,3 Gha requis pour reforestation / 14,9 milliards d’hectares « disponibles » = 28,8 % des terres émergées.

 

  • Visualiser ce que représentent 4,3 Gha ou 43 millions km2 ou 28,8 % des terres émergées

Selon Wikipédia : « L’Afrique est un continent couvrant 6 % de la surface terrestre et 20 % de la surface des terres émergées. Sa superficie est de 30 415 873 km² avec les îles. »

 

  • Il nous faudrait donc reforester la surface équivalente d’une Afrique et un tiers !

 

Soustraire les surfaces non disponibles ou fort peu propices à la reforestation :

De la surface des terres émergées, il nous faut soustraire celles des forêts actuelles, celles des surfaces agricoles et des villes – qui devront d’ailleurs être augmentées pour faire face à la croissance démographique – et celles des déserts (froids, tempérés et chauds).

 

  • Le couvert forestier en place

Selon Wikipédia : « Il resterait en 2006 environ 4 milliards d’hectares plus ou moins boisés sur la planète, soit environ 30 % des superficies émergées. » Disons plutôt… 26,8 %. Soit 4 / 14,9. Donc, plus proche du 25 % que du 30 %.

 

  • La surface agricole utile

La surface agricole utile (SAU) – une surface qui « n’inclut pas les bois et les forêts » – fait environ 4,9 milliards d’hectares. Déjà utilisée à cette fin, elle n’est donc pas disponible à la reforestation et mobilise donc 4,9 milliards d’hectares / 14,9 milliards d’hectares = 32,9 % des terres émergées.

 

  • Les surfaces urbaines

Selon consoGlobe (http://bit.ly/1IUwiVY) : « En 2000, la couverture urbaine mondiale représentait 0,5 % de la totalité des terres émergées. En 2030, l’espace urbain aura triplé de surface… » Donc, dans 15 ans, 3 x 0,5 % = 1,5 % des terres émergées seront occupés par les villes. 1,5 % est un pourcentage somme toute négligeable, mais qui s’ajoute à celui de la SAU et des forêts actuelles, soit : 32,9 + 26,8 + 1,5 = 61,2 %.

Il reste(ra) donc : 100 – 61,2 = 38,8 % des terres émergées disponibles à la reforestation… moins les déserts.

N.B. On comprendra aisément qu’augmenter le couvert forestier en ville diminue les « îlots de chaleur » et fait de bien jolis toits pour y garder le pouce vert, mais le gain est minime en regard de la surface arbustive requise à l’échelle mondiale.

 

  • Les déserts et la forêt boréale

Les déserts « couvrent 35 % de la surface terrestre ». Donc, 38,8 % des terres émergées disponibles à la reforestation moins 35 % en espaces désertiques = 3,8 %. Il nous faudrait donc reforester ce 3,8 % et… gagner le reste, soit 28,8 % – 3,8 % = 25 % (des terres émergées) sur les déserts (froids, tempérés et chauds et, parfois, montagneux). Et/ou planter beaucoup plus d’arbres en milieu agricole…

Notons que les hautes latitudes nordiques se réchauffant passablement vite, on peut espérer que le couvert forestier de la forêt boréale gagnera peu à peu sur la toundra, située à son nord. Ce qui devrait aider quelque peu, mais en quelles proportions ?

 

« Reforester » est une proposition qui a quelques limites.

Une Afrique et un tiers !

 

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