Transition 2017 – 2/4 : Écologie et post-vérité

[spacer height= »20px »]

Réformer l’écologie pour nous adapter à la réalité

[spacer height= »20px »]

Vincent Mignerot

Juillet 2017

[spacer height= »20px »]

[spacer height= »20px »]

Le corpus de textes « Transition 2017 » est composé de 4 articles :

1/4 : La réalité n’existe pas

2/4 : Écologie et post-vérité

3/4 : Mythologie écologique

4/4 : Éléments pour un programme et une éthique de transition

[spacer height= »20px »]

L’ensemble de ces articles diffusés sur le site de l’association Adrastia a également été publié en version papier (en savoir plus via le site de l’auteur).

Le Conseil d’administration de l’association Adrastia a accepté de diffuser ces textes mais leur contenu n’engage que leur auteur.

Cet article a été un temps illustré par une image humoristique réalisée par Xavier Gorce. Celle-ci a été supprimée suite aux prises de position idéologiques du dessinateur, incompatibles avec la ligne de l’association Adrastia et l’intention des articles « Transition 2017 ».

[spacer height= »20px »]

[spacer height= »20px »]

Écologie et post-vérité

Notre incapacité à saisir les enjeux et mettre en œuvre une action efficace pour atténuer notre impact écologique pourrait être aggravée par notre tendance à interpréter les faits non tels qu’ils sont en réalité mais tels qu’ils nous conviennent. Ce biais, peut-être typiquement humain, pourrait participer à notre aveuglement et même entraîner une augmentation des problèmes, alors que nous serions convaincus de bien faire.

[spacer height= »20px »]

Mots clés : environnement, nature, culture, compétition, existence, énergie, vérité

[spacer height= »20px »]

Plan :

1      Protection de l’environnement

2      Substitution des énergies

3      Compétition existentielle

4      Post-vérité

[spacer height= »20px »]

[spacer height= »20px »]

La « post-vérité » a été élue « mot de l’année 2016 » par le dictionnaire d’Oxford, qui la définit ainsi : « ce qui fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles. »

Nous avons vu dans l’article précédent quelques écueils auxquels se confronte l’esprit lorsqu’il tente d’accéder au réel. La problématique écologique nous est certainement insaisissable dans sa globalité et sa dynamique, ce qui nous handicape dans notre action. Nous savons que nous mettons en péril notre avenir, nous tentons d’agir mais nous constatons que nous n’obtenons aucun des résultats attendus. Si l’écueil cognitif que nous subissons devant nos ambitions écologiques est irréductible, notre cerveau n’en est pas bridé pour autant dans sa capacité à élaborer des stratégies de substitution, dans sa capacité à raconter des histoires qui permettent de mieux supporter la frustration, l’échec, dans sa capacité à maintenir l’espoir. Quelles histoires nous racontons-nous ?

Nous tenterons de diagnostiquer dans cet article quels pourraient être les raisonnements à rebours que nous aurons investis, pour leur capacité à dissimuler ce qui nous disconvient. Les raisonnements à rebours sont à la base de l’élaboration des croyances : nous décidons que le réel est de telle sorte et nous écrivons artificiellement une histoire censée démontrer cette réalité, sans opérer aucune vérification sur la rigueur de cette histoire.

[spacer height= »20px »]

1         Protection de l’environnement

La première de nos croyances est sans doute aussi la plus massive, celle qui nous paraît la plus évidente. Elle n’est étayée par aucune recherche, aucun protocole expérimental, si tant est même que nous ayons vraiment tenté d’en vérifier le postulat. Nous serions capables de protéger l’environnement. Reprenons quelques éléments clés de l’histoire de l’évolution afin d’évaluer la pertinence de ce projet contemporain de « protection de l’environnement ».

Il paraît au préalable nécessaire de se demander si, d’une façon générale, le développement de la vie sur Terre a impliqué de sa part une « vigilance » particulière à son propre environnement. L’évènement biologique et biosphérique cardinal qui fait déjà relativiser cette idée de protection et qui atteste même de la capacité de la vie à s’autodétruire est l’épisode de grande oxydation. Dès – 2,4 milliards d’années, des organismes ont acquis la capacité de photosynthèse et produit suffisamment d’oxygène pour modifier la composition de l’atmosphère. L’essentiel des êtres vivants incapables de résister à la présence de la molécule oxydante ont été éliminés. Cet épisode constitue la première grande extinction dont nous ayons la trace certaine.

Un autre épisode souligne combien la vie est capable de porter atteinte par elle-même à ses propres équilibres. Vers – 550 000 000 d’années, avant « l’explosion cambrienne »,[1] la faune de l’Ediacarien,[2] des organismes pluricellulaires relativement simples et statiques, s’étendait sur toutes zones terrestres où la vie était possible à cette époque. C’est l’arrivée progressive d’organismes plus complexes qui aurait mis fin à la domination de cette faune, qui n’a laissé selon les connaissances actuelles aucune descendance à sa suite. L’hypothèse la plus probable permettant d’expliquer l’extinction de la faune de l’Ediacarien est celle du développement de la mobilité et de la prédation par d’autres organismes devenus, grâce à ces capacités inédites, plus performants. Le développement de ces capacités fait écho à notre problématique adaptative contemporaine : c’est parce que nous avons optimisé nos capacités au déplacement et à la prédation que nous allons très probablement provoquer une sixième extinction massive.

La compétition entre les êtres vivants, même en-dehors des grands épisodes d’extinction, fait d’une façon générale disparaître quantité d’espèces, simplement parce que la biosphère ne constitue en aucun cas un environnement stable. Toutes les espèces n’ont pas eu la possibilité de participer à la complexification de la biosphère jusqu’à aujourd’hui parce que le processus évolutif implique de rester adapté à cette variabilité ou de disparaître. La coévolution d’ailleurs génère d’elle-même ce que les biologistes appellent « l’effet de la Reine Rouge », qui peut se résumer ainsi : « l’évolution permanente d’une espèce est nécessaire pour maintenir son aptitude suite aux évolutions des espèces avec lesquelles elle coévolue ».[3] Alors qu’il pourrait être envisagé que la complexification des écosystèmes se ferait au profit de la conservation de l’ensemble des solutions adaptatives qui auront existé, l’impossibilité de « rester sur place » comme le dit la Reine à Alice dans De l’autre côté du miroir[4] contraint à la modification permanente et donc au risque de l’incompatibilité évolutive, provoquant inévitablement des cycles d’extinction. Nous voyons bien sur le schéma ci-dessous que l’évolution de la vie n’est pas un phénomène linéaire. Les 5 grandes extinctions exogènes connues accompagnées de multiples extinctions endogènes (dues à la vie elle-même) ainsi que d’autres exogènes de moindre ampleur ponctuent en réalité une grande variabilité du nombre d’espèces sur Terre. Le processus d’extinction est permanent :

[spacer height= »20px »]

1 Intensité des extinctions de masse dans le phanérozoïque. Crédit image : GNU Free Documentation License[5]

[spacer height= »20px »]

La complexité, la diversité, la richesse de la vie n’est rien d’autre que le résultat d’un processus d’élimination perpétuel : la vie passe son temps à s’attaquer elle-même, à se consommer elle-même (hétérotrophie : la vie est aussi sa propre nourriture), elle est totalement dépendante d’elle-même et ne peut garantir sa perpétuation qu’en testant à chaque instant les capacités de ce qui la constitue à se maintenir. Le rôle des virus, des maladies par exemple est parfaitement intégré à ce processus et ceux-ci, en stimulant sans cesse les capacités de leur biotope d’appartenance à se défendre, optimisent son fonctionnement et accélèrent sa complexification. Lorsque nous observons la vie « vivante », nous ne voyons toujours que ce qui reste, tout ce qui est incapable de vivre sous notre regard a strictement disparu. La vie, en-dehors de toute condition d’auto-extermination massive, crée de la mort en permanence et la biosphère est composée littéralement de cadavres réduits en éléments plus simples mais toujours présents et qui ne sont pas issus d’une autre histoire que celle de la vie dans son fonctionnement le plus normal, s’éliminant elle-même perpétuellement et se recyclant en partie : cycles de l’azote et du phosphore, couverture sédimentaire et humus, constitués notamment de milliards de tonnes de matière organique autrefois parfaitement vivante – ce sur quoi nous marchons et bâtissons nos villes – et bien sûr pétrole, charbon et gaz, nos ressources « fossiles ».

Le fonctionnement normal de la vie implique en permanence sa propre remise en question. Tout en cherchant à se déployer, la vie s’est autodétruite continuellement et a pu aussi s’autodétruire massivement, ce qui disqualifie le terme « protection » pour évoquer ce que fait la vie d’elle-même. Qu’en est-il pour nous, humains ? Avons-nous pu, au cours de notre histoire, établir un mode de relation à l’environnement qui le « protège » ?

Selon Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue,[6] il est possible de quantifier une influence de nos ancêtres sur l’équilibre des écosystèmes dès l’apparition du genre Homo. De grands vertébrés en particulier auraient disparu, dès – 2 000 000 d’années à cause de la chasse (Homo Erectus) et de grands carnivores dès – 3 000 000 d’années, victimes d’une concurrence sur les ressources, les tout premiers représentants du genre Homo ciblant les mêmes proies mais de façon plus performante.

Aujourd’hui l’hypothèse de l’extermination quasi complète de la mégafaune, il y a 10 000 ans, par l’humain ne fait plus beaucoup débat chez les paléoanthropologues, aucune autre raison n’étant capable d’expliquer une telle extinction. Une disparition pour des raisons climatiques en particulier, étant acquis que le climat s’est notablement réchauffé à cette période, aurait eu des effets sur un plus grand ensemble d’espèces et sur des espèces de toutes tailles, ce dont ne témoignent pas les fossiles.[7]

[spacer height= »20px »]

2 Répartition des grands mammifères de plus de 45 kg comparée à ce qu’elle serait en l’absence d’humains. L’échelle montre le nombre d’espèces[8]

[spacer height= »20px »]

D’autres impacts écologiques primordiaux et d’envergure sont attribuables aux humains. Il faut notamment tenir compte du fait que la maîtrise du feu, ancienne de 500 000 à 800 000 ans, ne peut avoir été sans effet. Son usage sur l’environnement au-delà des déclenchements naturels d’incendies (foudre) a même pu avoir des conséquences importantes sur les écosystèmes. Les études montrent aujourd’hui que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont de longue date fait usage du feu dans des perspectives d’aménagement volontaire des paysages : facilitation de la chasse, de la cueillette, facilitation des déplacements.[9] Une étude récente atteste notamment que des forêts ont été massivement brûlées en Europe à partir de – 21 000 ans.[10]

En plus de modifier les paysages, l’usage du feu par l’humain a pu aussi générer des pollutions inédites bien plus tôt qu’estimé jusque-là. Une étude indique en effet que des pollutions aux métaux lourds sont visibles dans des sédiments provenant de sites archéologiques de la péninsule ibérique, datés du paléolithique moyen (< 30 000 ans avant notre ère).[11]

De ces impacts anthropiques anciens découlent deux hypothèses, plus directement en rapport avec la question climatique contemporaine.

La première concerne cette conjonction historique étonnante, celle de la stabilité du climat de l’Holocène, période qui débute il y a approximativement 10 000 ans, avec l’apparition progressive de l’agriculture. Le chercheur William F. Ruddiman envisage que celle-ci ait entraîné des émissions de gaz à effet de serre (CO2, méthane) qui auraient pu contrecarrer le retour de certaines périodes froides.[12] Le tout début de l’agriculture propulserait déjà l’humanité préhistorique comme force biosphérique majeure, capable d’influencer le climat planétaire. Si l’hypothèse Ruddiman[13] reste discutée, à ce jour elle n’est pas invalidée et reste crédible, en particulier concernant le rôle du méthane émis par la déforestation (quelle que soit sa source, l’influence du méthane sur la variabilité climatique est régulièrement révisée à la hausse[14]).

Une autre hypothèse qui vient enrichir la réflexion autour de l’impact anthropique est celle de l’apparition du vaste désert du Sahara qui, selon une étude récente, pourrait être également un effet du déploiement de l’agriculture et de la chasse en Afrique du Nord.[15] L’activité humaine aurait perturbé les cycles de la végétation et de l’eau, réduisant peu à peu les précipitations jusqu’à un seuil critique au-delà duquel l’écosystème se serait effondré.

Nous pourrons aussi porter notre attention sur l’impact de communautés humaines souvent considérées comme « plus respectueuses de l’environnement » que nous le sommes aujourd’hui. La forêt amazonienne en particulier a longtemps été considérée comme une forêt primaire dans laquelle des chasseurs-cueilleurs auraient eu une relation neutre ou même bénéfique pour la biodiversité. Il a été montré que ce vaste territoire forestier de l’Amazonie était en fait largement composé d’essences dominantes sélectionnées par les humains pour leur qualité à participer au développement de leurs cités (alimentation, habitat, navigation, feu…).[16] Au-delà de la sélection d’espèces qui constituent aujourd’hui cette forêt, il faut se rappeler que l’Amérique du Sud a été longtemps, et sur de très grandes surfaces, vierge de forêts, au profit de l’agriculture. Cette agriculture était à ce point étendue que la disparition d’un grand nombre d’amérindiens, suite à l’arrivée des colons européens, aurait provoqué une baisse mesurable du taux de CO2 atmosphérique, grâce à la repousse des forêts sur ces terres agricoles abandonnées.[17] La population amérindienne passe en effet à cette époque de 54 millions d’individus, alors 10 % de la population mondiale, à 6 millions, pour cause essentiellement d’épidémies importées par les colons. Cette chute démographique libère pendant un temps de grandes régions de toute emprise humaine, la forêt repoussant alors suffisamment pour capturer une quantité notable de CO2. Cet évènement écologique à très grande échelle pourrait être inscrit dans l’histoire même du climat, 1610 étant la date où le taux de CO2 atmosphérique a été au plus bas de l’ère moderne : 271,8 ppm (410 ppm aujourd’hui).

Il sera peut-être opposé à cette description de l’inscription de l’humain dans son environnement que certaines populations impactent effectivement peu leur environnement, que certaines même ont pu participer à la complexification, à l’enrichissement de leur biotope d’appartenance. Une étude indique notamment qu’en Colombie-Britannique les forêts actuelles, qui succèdent à une implantation humaine de plusieurs millénaires dans cette région, sont composées d’arbres plus grands et plus larges que dans les régions environnantes. C’est l’usage du feu et surtout la fertilisation des sols par apport massif de coquillages provenant de l’océan qui seraient à l’origine de cette plus grande fertilité locale (la décomposition des coquillages aura joué le rôle de fertilisant).[18] Le premier point à retenir est que ce contre-argument subit assurément une forte amnésie écologique : comme nous l’avons vu les humains dans cette région n’ont exploité l’environnement qu’en ayant d’abord éliminé directement ou indirectement tout concurrent, en particulier tout vertébré de poids égal ou supérieur à eux. Ensuite, que cet enrichissement n’est que le résultat du redéveloppement de l’écosystème après que les humains en soient partis, quelle que soit la raison de ce départ. Ces écosystèmes ont alors pu bénéficier de l’enrichissement des sols dû à une importation à grande échelle de matière organique depuis l’extérieur de cet écosystème (ici des mollusques). Une influence de cette envergure ne peut être due qu’à une exploitation intensive des milieux, peut-être à une échelle prototypique d’une industrie puisqu’on retrouve des coquillages jusqu’à 5 mètres de profondeur et sur des milliers de mètres carrés. Si sur le long terme une forêt s’en est trouvée enrichie, assurément le biotope marin, dépossédé d’une ressource dans ses propres cycles, s’en est appauvri.

De la même façon, d’aucuns estimeraient que la forêt amazonienne actuelle aurait été enrichie à la suite de l’importante activité agricole des humains. Une vaste étude menée à partir d’observations satellite a montré que si cette forêt se développe originellement sur des terres assez pauvres, peu fertiles, l’un de ses principaux apports en phosphore et autres nutriments provient du… Sahara, par les courants atmosphériques qui traversent l’Atlantique.[19] Pourrons-nous alors envisager que là encore la richesse de l’écosystème de l’Amazonie soit en partie le résultat de la destruction d’un autre par l’humain ?

[spacer height= »20px »]

3 Saharan Dust Feeds Amazon’s Plants | NASA

[spacer height= »20px »]

Ce que nous décrivons de l’impact anthropique sur les écosystèmes ne réfute en rien l’idée que cet impact puisse se voir réduit au cours des processus adaptatifs. Il est même admis que les humains autant que l’ensemble des êtres vivants sont d’abord conservateurs, c’est-à-dire qu’ils n’opèrent une nouvelle forme d’adaptation (développement d’une technique par exemple) que lorsqu’un bénéfice adaptatif notable peut en être tiré. Toute évolution est risque d’erreur et d’échec, donc de disparition. Si cette évolution ne permet pas à la communauté de répondre à une contrainte adaptative immédiate, le statu quo ou même l’abandon de techniques est préféré.

Dans le vivant, les processus d’équilibration des écosystèmes suivent parfois une modulation appelée « sélection r/K »[20] : lorsque les conditions d’adaptation sont contraintes (baisse de l’ensoleillement, diminution des apports en minéraux, en eau…) les espèces dont les organismes sont plus facilement adaptables, qui sont peu spécialisées, qui ont un temps de gestation court et une descendance nombreuse (stratégie « r ») prennent la place des organismes plus massifs et complexes, qui se reproduisent peu (stratégie « K »).[21] De nombreux faits historiques tendent à indiquer que l’humain adopterait aussi des stratégies « à petite échelle », de simplification, lorsque le contexte l’impose, abandonnant parfois spontanément des techniques à l’efficacité pourtant éprouvée. Nous pourrons évoquer en particulier le peuple Bishnoï, qui défend activement un mode de relation à l’environnement respectueux de tous les êtres vivants, ne s’autorisant qu’une exploitation minimisée des ressources. Nous pourrons considérer également le choix d’un pays entier, le Japon, qui a interdit officiellement l’usage de l’arme à feu pendant une période de 250 ans (Sakoku : politique isolationniste entre 1641 et 1853).

Il faut entendre cependant que le maintien du statu quo adaptatif, le refus ou l’abandon de techniques risquées pourrait ne pas tant dépendre d’un choix politique ou moral et n’être que la prolongation d’instincts de conservation bien connus, légitimes et performants lorsque la situation environnementale le permet. Cet instinct ne réfute en rien que face à une contrainte adaptative, face à la compétition pour l’existence, l’adaptation et l’évolution soient nécessaires – obligatoires – sans quoi l’unique et définitive sanction est la disparition.

L’histoire du Japon, obligé de se réarmer et de se rouvrir au monde après 250 ans d’isolationnisme à cause du déploiement des canons du conquérant américain Matthew Perry, est une parfaite illustration de ce que les sociétés humaines sont aussi contraintes à l’évolution, alors que leur choix initial aura été le statu quo. La culture japonaise aurait sans doute totalement disparu si la décision n’avait pas été prise de suivre les injonctions de la compétition. Les contraintes évolutives ne sont pas toujours, peut-être même rarement historiquement le fait de rivalité entre communautés humaines. La simple variabilité du climat, la fin d’une ressource dont dépendait une société, l’arrivée d’une maladie obligent l’humain à tenter, sans qu’il réussisse toujours, de développer une stratégie de compensation.

[spacer height= »20px »]

En résumé, la notion de « protection de l’environnement » perd de son sens si aucun des acteurs de l’évolution ne semble opérer son adaptation selon ce critère, mais simplement sur celui du bénéfice dans la compétition, que ce bénéfice passe par la conservation de l’état ou l’évolution lorsque la compétition l’oblige. À propos plus précisément des populations humaines historiques, faire le constat que certaines d’entre elles impactent peu leur environnement et que cela serait généralisable à toute situation évolutive c’est faire une erreur méthodologique : c’est confondre l’état et le processus, la période et l’histoire. En amont et en aval de ces temps de stabilité adaptative opportunément idéalisés – quoi qu’il en soit jamais neutres sur le plan écologique – se déroulent d’autres évènements, d’autres modalités d’adaptation qui ne sont pas sécables de l’existence de ces populations. J’ai pu moi-même, en particulier à l’adolescence, à la lecture d’une encyclopédie naturaliste ou d’un récit mystico-religieux sur les temps édéniques des origines, fantasmer sur les modes de vie des « peuples premiers ». Et je souscris pleinement à l’idée que le « progrès » n’est en aucun cas ce qui assure un plus grand niveau de satisfaction existentielle, sans même parler d’un plus grand bonheur. Mais en vérité l’évolution n’a que faire de ce que nous pensons d’elle, nous évoluons ou nous disparaissons, évoluer ne garantissant même pas de ne pas disparaître.

Ce que nous devons retenir du projet contemporain de « protection de l’environnement » est surtout l’arbitraire naturaliste[22] qu’il impose et qui n’a aucun fondement : il existerait des humains d’un côté et une nature de l’autre, et des choix adaptatifs du côté des humains auraient secondairement une influence, positive ou négative sur la nature de l’autre. À l’aune de cette dichotomie, de cette séparation artificielle, d’aucuns considèrent même un « compatibilisme » : l’humanité pourrait continuer à agir et se développer indépendamment des conditions de vie naturelles. Or, comme nous l’avons vu, à aucun moment de l’évolution quelque ensemble d’êtres vivants que ce soit n’a pu exister sans être totalement dépendant de son environnement et de sa variabilité, sans être en interaction permanente avec lui. Bien que l’humanité se considère, par l’esprit, éloignée de la nature, elle est elle aussi contrainte de se soumettre à ses aléas : variabilité climatique naturelle ou d’origine anthropique, épidémies, compétition entre communautés, disponibilité de l’énergie, des ressources etc. En aucun cas il n’existe de coupure réelle entre les caractéristiques de l’environnement et les possibles adaptatifs pour l’humain et dans tous les cas toute action a un impact qui engage le jeu du risque et de l’évolution.

Il est impossible de protéger ce qui est en continuité avec soi sans se changer soi-même. Si, comme nous l’avons vu, ce qui nous définit en tant qu’humains est la capacité de dérégulation de l’exploitation de l’environnement, c’est-à-dire sa destruction pour en tirer profit exclusif, préserver ce qui nous définit dans notre écologie est une contradiction dans les termes. Retrouver un mode de relation neutre à l’environnement signifierait redevenir ce qu’étaient nos ancêtres avant de perturber les grands équilibres, c’est-à-dire ce que nous étions il y a 3 000 000 d’années… il s’agirait d’un « marronnage », c’est-à-dire un retour à « l’état sauvage ».[23]

Ni la civilisation ni la nature n’existent hors conceptualisation artificielle sur le monde (ou plutôt conceptualisation opportuniste, à la gloire de l’humain espéré supérieur) : il n’est pas possible d’aller de l’un à l’autre, dans quelque sens que ce soit. La civilisation, au même titre que les peuples premiers n’est pas distincte dans le réel de la biosphère, de ses propriétés et de ses limites, de son histoire. L’humain est comme la vie entièrement son propre environnement, et c’est bien l’évolution du vivant dans son ensemble qui a produit, créé l’humanité, y compris ses capacités de destruction et d’autodestruction, qui ne lui sont en rien exclusives.

[spacer height= »20px »]

2         Substitution des énergies

Il est une autre promesse écologique faite à nos sociétés dont nous constatons l’échec présent mais aussi probablement à venir : nos ressources énergétiques pourraient se substituer les unes aux autres, pour le bénéfice d’un mix « décarboné ». Nous opérerons le diagnostic de l’échec de la substitution sans décrire à nouveau l’hypothèse du renforcement synergique proposée dans l’article précédent, mais nous considérerons cette hypothèse comme étant complémentaire de la non substituabilité.

[spacer height= »20px »]

« La mauvaise nouvelle est que si l’histoire nous apprend bien une chose, c’est qu’il n’y a en fait jamais eu de transition énergétique. On ne passe pas du bois au charbon, puis du charbon au pétrole, puis du pétrole au nucléaire. L’histoire de l’énergie n’est pas celle de transitions, mais celle d’additions successives de nouvelles sources d’énergie primaire. L’erreur de perspective tient à la confusion entre relatif et absolu, entre local et global : si, au XXe siècle, l’usage du charbon décroît relativement au pétrole, il reste que sa consommation croît continûment, et que globalement, on n’en a jamais autant brûlé qu’en 2013. »[24] (Jean-Baptiste Fressoz)

[spacer height= »20px »]

4 Source : Avenir Climatique

[spacer height= »20px »]

Le constat historique est sans appel, nos différentes ressources énergétiques se sont jusque-là toujours additionnées. Nous n’avons par exemple jamais brûlé autant de forêts qu’aujourd’hui. Cela pourra-t-il changer demain ?

Si l’histoire, en particulier ici celle de l’économie a un sens, si l’écoulement linéaire du temps une réalité physique et que la génération spontanée n’existe pas, la substitution des énergies butte sur un écueil majeur. Il n’a pas été nécessaire de construire l’infrastructure qui a produit les hydrocarbures qui constituent le socle de la performance de nos sociétés (la vie et la géologie s’en sont chargé), en revanche il faut construire de zéro, et entretenir, celle des énergies de substitution : photovoltaïque, éolien, hydrolien marin, nucléaire et le peu de barrages hydroélectriques qu’il est encore possible de construire. La biomasse ne compte pas pour nos estimations, celle-ci étant déjà proche de la saturation.

Au début de leur exploitation, les hydrocarbures suintaient littéralement du sol.[25] Cette facilité d’accès a généré rapidement la richesse qui a permis ensuite la construction des infrastructures destinées à une extraction plus profonde et à l’obtention de volumes plus importants. À l’inverse, l’exploitation des énergies de substitution implique des investissements importants avant même toute production d’énergie et de richesse. En outre l’infrastructure qui permet aujourd’hui à nos sociétés de fonctionner économiquement est faite pour consommer très majoritairement du pétrole, du charbon et du gaz. Or à partir de cette infrastructure historique il faut investir dans de nouvelles, tout en la déconstruisant afin d’en abandonner les méfaits et de la remplacer par une autre compatible avec les énergies de substitution. Les processus sont totalement antagonistes et incompatibles : il faut investir, à partir d’une économie carbonée qui doit se réduire, dans une énergie espérée non carbonée qui doit se développer. La richesse n’apparaissant pas à partir de rien, la transition semble sur ce seul critère totalement verrouillée.

Mais il faut rappeler également que la transition parie sur de très hautes technologies, extrêmement dépendantes à l’extraction de matières premières dispersées sur le globe (cuivre, terre rares, sable, uranium pour le nucléaire…) et uniquement exploitables grâce à une économie mondialisée et par des États forts (militarisés), au pouvoir centralisé et suffisamment puissants économiquement pour pouvoir s’endetter sur les marchés. Les réseaux de production et d’utilisation d’énergies de substitution doivent aussi envisager, pour fonctionner de façon optimale et honorer leurs ambitions, des smartgrids pour gérer l’intermittence, une conversion de l’industrie à l’électricité, quantité de nouveaux véhicules électriques etc.

Autrement dit, il faut augmenter considérablement la complexité de nos sociétés à partir d’un système initialement plus simple et qui a de lui-même alimenté sa propre complexification, afin de réduire la dépendance à ce premier système. Cependant le niveau de complexité d’un système dépend strictement du flux d’énergie qui le traverse. L’énergie étant l’unité de mesure de la possibilité de transformation des systèmes, plus un système est complexe, plus il génère de transformations, plus il consomme d’énergie. Comment une infrastructure de production d’énergie totalement nouvelle et plus complexe que la précédente pourrait-elle se déployer et devenir autonome, quand ce déploiement et cette autonomie dépendent intrinsèquement d’un flux énergétique extérieur à celui qu’elles pourraient produire, si celui-ci est bien censé être dédié à faire fonctionner la société, hors production d’énergie ?

La seule façon de gérer de façon optimale la pérennité d’une structure complexe est de maintenir également optimal le flux d’énergie qui la traverse, qui traverse plus précisément la société dont dépend cette structure. Le problème est finalement causal, il est celui de la chaîne de dépendance constituée par la cause première qui permet d’opérer les effets qui viennent ensuite. Si les hydrocarbures ont fait nos sociétés et que nos sociétés doivent, à partir d’eux, construire de zéro ce qui devra remplacer ce qui a fait initialement ces sociétés, il y a aberration logique. Aberration logique non parce que le projet n’est pas pensable ou même qu’il ne puisse pas s’engager, mais parce que les lois de la physique contraignent le résultat à terme : il est impossible de créer une plus grande complexité à partir d’un flux de potentiel de complexité qui va ou qui doit se réduire.

Pour le dire avec le vocabulaire de la physique, étant donné leur complexité intrinsèque et la complexité des sociétés desquelles elles dépendent, les énergies de substitution ne produiront jamais à la fois l’énergie nécessaire au fonctionnement de la société ET celle nécessaire à leur déploiement et à leur entretien, ce qui serait contraire à la première loi de la thermodynamique. Ou encore : la production d’entropie future qu’implique la complexité nécessaire à la transition ne peut être compensée, même provisoirement, que par un apport maximisé d’énergie au système : tout ralentissement de l’approvisionnement énergétique augmenterait l’instabilité du système, sa complexité étant intrinsèquement sa propre fragilité.[26]

La contrainte de devoir construire et entretenir l’infrastructure des ressources énergétiques alternatives peut être comparée, par analogie, aux frottements dans le mouvement perpétuel. Afin de se donner l’illusion que celui-ci est possible il faut nécessairement une ressource énergétique extérieure au système, d’une part pour l’amorcer, d’autre part pour compenser les pertes dues aux frottements (dégradation de l’énergie en chaleur). Comme ces « frottements », concernant les énergies de substitution, ne peuvent qu’augmenter dans un système complexe dépendant d’un monde fini, ces ressources espérées pérennes ne peuvent qu’avoir encore plus besoin avec le temps d’un apport d’énergie autre que ce qu’elles peuvent fournir. L’écologie scientifique moque volontiers les défenseurs de l’énergie libre, mais nous voyons là que les énergies dites de substitution ne s’en éloignent pas vraiment conceptuellement. Le cycle de production d’énergie est verrouillé par la nécessité de réinvestir sans cesse de l’énergie dans le maintien de l’infrastructure, ce qui les condamne thermodynamiquement à cause de l’entropie, des pertes. La transition ne peut s’autoriser aucun affaiblissement du flux énergétique qui la traverse, elle est elle-même une motivation à brûler des énergies fossiles au maximum des possibilités.

De la même façon que nos sociétés se sont construites depuis la révolution industrielle en niant ce que la science savait, c’est-à-dire que l’exploitation des ressources fossiles, en quantité naturellement limitée, les condamnait à terme, nous conceptualisons aujourd’hui la transition en omettant ce que la science sait parfaitement aussi : l’augmentation de complexité implique une augmentation du flux énergétique. Si cette complexité ne rend pas par elle-même de service à la société (comme une voiture ou une maison), mais qu’elle n’est nécessaire que pour exister elle-même… l’énergie est littéralement gaspillée.

L’acceptation de cette aberration logique et thermodynamique nous épargnerait beaucoup de nos réflexions improductives sur le financement de la transition énergétique : ce financement lui-même dépend de la perfusion aux hydrocarbures de nos économies, qui ne peuvent en aucun cas générer de la richesse supplémentaire (ou du potentiel de richesse via la dette) sans eux. La substitution des énergies, même partielle, est très hautement improbable, pour ne pas dire impossible.

Ce que nous pourrons espérer de mieux des énergies dites de substitution n’est probablement en rien une amélioration de notre condition écologique : la transition énergétique produira quelques kWh (Kilowatt-heure) supplémentaires qui participeront à faire fonctionner nos économies, en addition des kWh produits par la combustion des fossiles toujours brûlés au maximum et dont la transition elle-même consommera une part importante ne serait-ce que pour advenir… et les énergies de substitution pourront augmenter les émissions de CO2 parce qu’elles participeront à lutter contre la baisse du Taux de Retour Energétique des énergies fossiles, ce qui prolongera leur extraction (voir article précédent : renforcement synergique des énergies).

Cette grille de lecture élaborée à partir de la non substituabilité et de l’hypothèse du renforcement synergique paraîtra téméraire ou farfelue à certains. Au regard du déroulement des évènements, auxquels elle correspond parfaitement à ce jour, elle ne paraît en tout cas pas déraisonnable. Aujourd’hui, promouvoir le nucléaire ou les énergies renouvelables au nom de la baisse des émissions de CO2 ne fait peut-être pas partie des propositions scientifiques valides. On peut y croire, mais ça n’est pas du tout le même projet. Dans l’attente que la science ait répondu à la question de la substituabilité des énergies nous pourrons considérer les débats sur les qualités et défauts respectifs des énergies, par prudence et afin de gagner du temps (en perdre moins, étant donnée l’urgence), comme nuls et non avenus au-delà du débat technique d’ingénierie.

En l’absence probable de substitution la transition énergétique devrait suivre globalement la descente de la courbe en cloche que nous connaissons bien, et il ne faudra pas confondre demain l’inéluctable baisse des émissions de CO2 due au passage du pic général d’approvisionnement en hydrocarbures (Pic de Hubbert)[27] avec une réussite des énergies alternatives. Pour rappel : la baisse des émissions de CO2 n’est en aucun cas une réduction de sa quantité dans l’atmosphère. C’est simplement un ralentissement de l’accumulation, et si en 2040 par exemple nous émettons au niveau des années 1990, nous émettrons encore à un rythme trop élevé pour ne pas continuer à perturber le climat.

[spacer height= »20px »]

chefurka adrastia transition 2017

5 World Energy and Population – Trends to 2100 – Paul Chefurka

[spacer height= »20px »]

Devrait-on rappeler également que la substitution concerne uniquement la production d’électricité, qui ne représente que 20 % de la consommation d’énergie mondiale, 20 % dont la performance opérationnelle dépend entièrement, nous l’aurons compris, de la bonne santé de la totalité du reste de la consommation d’énergie ?[spacer height= »20px »]

3         Compétition existentielle

Parmi les nombreux projets aux ambitions « écologiques » qui espèrent trouver des « solutions » pour demain, certains envisagent d’abandonner la compétition, censée être un excès contemporain, un produit de la civilisation, du capitalisme, du libéralisme. Mais nous devons envisager que la définition de la compétition dans ce type de projets se soit faite progressivement synonyme d’agressivité, de violence, de guerre, d’une façon générale que ce terme ait été interprété de façon morale, quand sa définition sur le plan de l’évolution devrait rester totalement neutre. La compétition n’est en réalité rien d’autre que le moteur de la lutte pour l’existence, c’est-à-dire pour tout être vivant l’obligation d’être capable de résister aux contraintes de la variabilité naturelle de l’environnement (climat, ressources) ainsi qu’à la pression adaptative qu’exerce la vie sur elle-même, sans quoi la disparition est inéluctable : maladies, prédation, effet de la Reine Rouge vus précédemment.

De fait, comme nous l’avons vu précédemment également, la compétition pour l’existence peut adopter des modes très variés, qui ne sont en aucun cas réductibles à l’acception contemporaine de cette compétition, fortement biaisée : solidarisation, coopération, simplification par sélection r/K. Toutefois, si la compétition peut générer des modèles existentiels parfaitement « pacifiques », régulés, sobres, jamais, à aucun moment aucun être vivant ne peut s’extraire d’elle, s’en affranchir. Autrement dit, et si la compétition est bien directement liée à la capacité d’exploiter les ressources et qu’elle ne s’inscrit dans aucun cadre moral, pour un sous-groupe humain une réduction volontaire, par anticipation, de l’exploitation des ressources a un effet simple : les ressources laissées libres sont à la disposition d’un sous-groupe concurrent qui pourra parfaitement les utiliser pour son propre bénéfice, potentiellement contradictoire avec celui du groupe qui aura fait preuve de bonnes intentions, peut-être même de courage.

De la même façon que la « protection de l’environnement » est une notion qui ne correspond à aucun possible, il est admissible que l’affranchissement de la compétition ne soit qu’une construction conceptuelle – idéologique – totalement hors sol, inapplicable. La non considération de la compétition et de son caractère non négociable fait prendre le risque du recul existentiel et de la mort. Bien que nous souhaitions en toute légitimité tout autre chose, rien ne permet d’affirmer en particulier qu’il soit possible pour l’humain de réduire volontairement et par anticipation sa consommation d’énergie. Le premier pays par exemple qui, à la suite pourquoi pas des accords de la COP21,[28] réduirait sa consommation d’énergie plus vite que d’autres autour de lui perdrait de ses avantages sur le plan économique, ce qui impacterait toutes les couches sociales qui le constituent (l’équation de Kaya montre notamment que la consommation d’énergie et le PIB d’un pays sont intimement liés[29]). Un tel choix ne serait pas porté par la population et le même mouvement est valable à d’autres échelles, rares sont les personnes qui réduisent spontanément et notablement leur niveau de vie, en particulier pour la seule raison de la protection de l’environnement, et dans tous les cas leurs avantages se réduisent : accès aux soins, mobilité, vie sociale etc. La simplification, la sobriété par anticipation constituent des risques existentiels.

Nous savons en revanche que l’inéluctable déclin de l’approvisionnement en énergie de nos sociétés ainsi que les dérèglements environnementaux globaux (climat) impliqueront de facto une réduction des possibles et une plus forte pression adaptative. Dans ce contexte de compétition accrue et inévitable, ce sont bien les modes de solidarisation et de simplification que nous allons devoir investir. Un équilibre sera à trouver entre simplification et solidarité. Demain, face à la nouvelle configuration du monde, des communautés soudées resteront sans doute plus performantes, en particulier à terme, que de petits groupes d’individus qui auront choisi l’isolement et le « chacun pour soi ».

Aussi légitimes soient-ils, les projets de régulation voire de décroissance anticipée buttent sur l’irréductibilité du principe de compétition, les résultats réels de ces projets en attestant malheureusement parfaitement. La compétition nous contraint à ne pas pouvoir mettre en œuvre d’aménagements qui nous empêcheraient de nous confronter à un effondrement écologique global, mais la compétition nous obligera malgré tout à terme à changer totalement nos modes de vie et le fonctionnement de nos sociétés. L’évolution, encore une fois, se fiche bien de ce que nous pensons d’elle et des espoirs que nous pourrions avoir pour l’avenir.

[spacer height= »20px »]

4         Post-vérité

La pensée écologique contemporaine revendique la rationalité et le pragmatisme. Les scientifiques qui étudient ce domaine revendiquent également de n’appuyer leurs hypothèses que sur des protocoles rigoureux, vérifiables et sur de la littérature validée par des pairs. À ce jour pourtant il n’existe aucune étude, encore moins d’expérience qui ait validé que la protection de l’environnement soit possible pour l’humanité, que la substituabilité des énergies soit envisageable ou que nous puissions nous affranchir de la compétition. Autrement dit, aucune hypothèse partant de ces postulats ne peut, en toute rigueur, être prise au sérieux en l’absence de tout socle, de tout matériel qui permette de cadrer tant soit peu le champ d’étude.

Comme nous l’avons déjà envisagé dans le premier article de cette série, l’écologie contemporaine réfléchit en-dehors de toute réalité. Cela ne poserait aucun problème si des réponses concrètes n’étaient pas attendues par l’ensemble des humains pour leur avenir, mais plus particulièrement encore par ceux qui vivent déjà les premiers effets de la période pré-déclin, pré-effondrement que nous abordons. Or il est impossible d’apporter de réponse économique et écologique rationnelle et applicable à partir de postulats spécieux, à partir de raisonnements à rebours et de croyances. Proposer des espoirs aux peuples et y croire soi-même alors que leur opérabilité et la possibilité d’en dissimuler les effets négatifs ne sont dues qu’à la stabilité ou l’augmentation du flux d’énergie qui traverse les sociétés, c’est la pensée du 20ème siècle, dont nous trouvons encore quelques reliquats en ce début de 21ème. Ce temps des illusions est passé, désormais la déplétion énergétique et l’entropie généralisée obligeront les experts à aligner leurs discours sur le réel, sans quoi ils finiront par perdre toute crédibilité et toute audience.

La distorsion entre le réel et les fantasmes provoque d’ailleurs déjà une réaction bien légitime : aux discours prétendus bienveillants mais inconsistants d’aucuns finissent par préférer des irrationalités scandées avec assurance et autorité. L’humain est ainsi fait que de deux discours malhonnêtes il pourra préférer celui qui dissimule le mieux les peurs réelles.

Si la post-vérité se complaît à galvauder les faits et à mépriser toute rigueur d’analyse, il faut entendre qu’elle n’est pas apparue ex nihilo et que le terrain favorable à son émergence a été cultivé de longue date par l’ensemble des promesses que nous nous sommes faites et que nous sommes incapables de tenir. La post-vérité est déjà toute entière contenue dans la croissance infinie, à plus forte raison dans la croissance verte mais finalement dans n’importe quelle « solution » à un problème qui ne peut en avoir. La post-vérité n’est rien d’autre que le résultat de trop nombreuses décennies de pré-mensonges.

[spacer height= »20px »]

[spacer height= »20px »]

Notes et références :

[1] Vannier J. Directeur de recherche – CNRS, L’explosion Cambrienne : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap2/vannier.html

[2] Faune de l’Édiacarien (Wikipédia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Faune_de_l%27%C3%89diacarien

[3] Hypothèse de la Reine Rouge (Wikipédia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoth%C3%A8se_de_la_reine_rouge

[4] De l’autre côté du miroir est un ouvrage de Lewis Carroll qui fait suite à Alice au Pays des merveilles et dont est tiré le nom de l’hypothèse de la Reine Rouge.

[5] Les cinq grandes catastrophes de l’histoire de la Terre ont eu lieu à la fin du crétacé (End K), à la fin du Trias (End Tr), à la fin du Permien (End P), dans le Dévonien supérieur (Late D) et à la fin de l’Ordovicien (End O).

[6] Hublin J.-J. Paléoanthropolgue français. Cours au Collège de France : L’aube de l’anthropocène : http://www.college-de-france.fr/site/jean-jacques-hublin/course-2016-12-13-17h00.htm

[7] Bartlett, L. J., Williams, D. R., Prescott, G. W., Balmford, A., Green, R. E., Eriksson, A., Valdes, P. J., Singarayer, J. S. and Manica, A. (2016), Robustness despite uncertainty: regional climate data reveal the dominant role of humans in explaining global extinctions of Late Quaternary megafauna. Ecography, 39: 152–161. doi:10.1111/ecog.01566

[8] Faurby, S. and Svenning, J.-C. (2015), Historic and prehistoric human-driven extinctions have reshaped global mammal diversity patterns. Diversity Distrib., 21: 1155–1166. doi:10.1111/ddi.12369

[9] Scherjon, Fulco, et al. “Burning the Land: An Ethnographic Study of Off-Site Fire Use by Current and Historically Documented Foragers and Implications for the Interpretation of Past Fire Practices in the Landscape.” Current Anthropology, vol. 56, no. 3, 2015, pp. 299–326., www.jstor.org/stable/10.1086/681561.

[10] Kaplan JO, Pfeiffer M, Kolen JCA, Davis BAS (2016) Large Scale Anthropogenic Reduction of Forest Cover in Last Glacial Maximum Europe. PLoS ONE 11(11): e0166726. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0166726

[11] Guadalupe Monge, Francisco J. Jimenez-Espejo, Antonio García-Alix, Francisca Martínez-Ruiz, Nadine Mattielli, Clive Finlayson, Naohiko Ohkouchi, Miguel Cortés Sánchez, Jose María Bermúdez de Castro, Ruth Blasco, Jordi Rosell, José Carrión, Joaquín Rodríguez-Vidal & Geraldine Finlayson. Earliest evidence of pollution by heavy metals in archaeological sites. Scientific Reports 5, Article number: 14252 (2015). doi:10.1038/srep14252

[12] Ruddiman W. F. Climatic Change (2003) 61: 261. doi:10.1023/B:CLIM.0000004577.17928.fa

[13] Hypothèse Ruddiman (Wikipédia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoth%C3%A8se_Ruddiman

[14] Radiative forcing of carbon dioxide, methane, and nitrous oxide: A significant revision of the methane radiative forcing. Department of Meteorology, University of Reading, Reading, UK. CICERO Center for International Climate and Environmental Research, Oslo, Norway. Correspondence to: K. P. Shine, k.p.shine@reading.ac.uk. First published: 27 December 2016. DOI: 10.1002/2016GL071930

[15] Wright D.K. (2017) Humans as Agents in the Termination of the African Humid Period. Front. Earth Sci. 5:4. doi: 10.3389/feart.2017.00004

[16] C. Levis*,, F. R. C. Costa, F. Bongers, M. Peña-Claros, C. R. Clement, A. B. Junqueira, E. G. Neves, E. K. Tamanaha… Persistent effects of pre-Columbian plant domestication on Amazonian forest composition. Science  03 Mar 2017: Vol. 355, Issue 6328, pp. 925-931. DOI: 10.1126/science.aal0157

[17] Simon L. Lewis & Mark A. Maslin. Defining the Anthropocene. Nature 519, 171–180 (12 March 2015) doi:10.1038/nature14258

[18] Andrew J. Trant, Wiebe Nijland, Kira M. Hoffman, Darcy L. Mathews, Duncan McLaren, Trisalyn A. Nelson & Brian M. Starzomski. Intertidal resource use over millennia enhances forest productivity. Nature Communications 7, Article number: 12491 (2016). doi:10.1038/ncomms12491

[19] Yu, H., M. Chin, T. Yuan, H. Bian, L. A. Remer, J. M. Prospero, A. Omar, D. Winker, Y. Yang, Y. Zhang, Z. Zhang, and C. Zhao (2015), The fertilizing role of African dust in the Amazon rainforest: A first multiyear assessment based on data from Cloud-Aerosol Lidar and Infrared Pathfinder Satellite Observations. Geophys. Res. Lett., 42, 1984–1991. doi: 10.1002/2015GL063040.

[20] MacArthur, R. and Wilson, E. O. (1967). The Theory of Island Biogeography, Princeton University Press (2001 reprint)

[21] Modèle évolutif r/K (Wikipédia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_%C3%A9volutif_r/K

[22] Descola P. 2005. Par-delà nature et culture. Paris, Gallimard

[23] « Sauvage » ici n’est aucunement utilisé de façon péjorative.

[24] Fressoz J-B. Pour une histoire désorientée de l’énergie. Daniel Thevenot. 25èmes Journées Scientifiques de l’Environnement – L’économie verte en question, Feb 2014, Créteil, France. JSE-2014 (04), 2014, Journées Scientifiques de l’Environnement. <hal-00956441>

[25] Auzanneau M. 2015. Or noir. La grande histoire du pétrole. Paris : La Découverte

[26] Roddier F. 2012. Thermodynamique de l’évolution : Un essai de thermo-bio-sociologie. Artignosc-sur-Verdon : Paroles éditions

L’effet Sénèque : pourquoi le déclin est plus rapide que la croissance, Ugo Bardi : http://adrastia.org/effet-seneque/ et http://cassandralegacy.blogspot.fr/2011/08/seneca-effect-origins-of-collapse.html

[27] Marion King Hubbert, American Petroleum Institute. Division of Production. Southern District, Shell Development Company. Exploration and Production Research Division. Shell Development Co., Exploration and Production Research Division, 1956

Pic de Hubbert (Wikipédia) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_de_Hubbert

[28] La COP 21 : http://www.gouvernement.fr/action/la-cop-21

[29] L’équation de Kaya expliquée par Jean-Marc Jancovici : https://jancovici.com/changement-climatique/economie/quest-ce-que-lequation-de-kaya/

25 comments on “Transition 2017 – 2/4 : Écologie et post-vérité”

  1. Ping : Transition 2017 : Réformer l'écologie pour nous adapter à la réalité - L'Univers passe
  2. Jonathan Foucourt dit :

    Merci pour cet article qui rejoint mon analyse et mon expérience de la société. On pourrait résumer le postulat ainsi « Toutes idées de croissance et de maintient d’un système est inconciliable avec la réalité ».

    La seul solution consisterait à ne plus agir, mais elle serait elle-même en contradiction avec le principe d’évolution/compétition des espèces. Exercer une pression vers une gouvernance mondiale (à très long terme) pourrait permettre de dépasser nos antagonismes.

    1. Vincent Mignerot dit :

      Bonjour Jonathan,

      Merci beaucoup pour votre retour sur ce texte. Je vous confirme que nos grilles de lecture respectives sont très proches. Le dernier texte de la série en particulier traite de la question du désengagement et du passage « à l’échelle » de la gouvernance. Vous me direz si les aspects programmatiques du texte 4/4 vous paraissent cohérents.

      Vincent.

  3. Pascal dit :

    Ces textes sont très éclairant pour essayer de mieux comprendre d’où nous venons, où nous sommes et vers où nous allons. Votre « théorie de tout » est vraiment une métaphysique.
    Dans cet article, c’est le schéma de Paul Chefurka « Total Energy Use » qui est pour moi le plus explicite. Il faut y lire aussi que les prévisions après les estimations passées jusqu’à 2005 ne sont qu’une trajectoire « moyenne ». Il faudrait représenter un « tunnel des possibles » avec des variations et ruptures dont les impacts en cascade peuvent être extrêmement importants sur d’autres plans. Cela démontre à la fois la complexité du système, pour utiliser le vocabulaire d’Edgar Morin, mais aussi la dimension déterminante du facteur temps et de sa perception et son interprétation.

    1. Vincent Mignerot dit :

      Bonjour Pascal,

      Merci pour votre lecture de ces textes, merci pour votre appréciation plus générale de mon travail, je suis touché qu’il vous fasse écho.
      Les prochains textes apporteront quelques éléments à propos du « tunnel des possibles » que vous évoquez. Vous me direz s’ils vous paraissent pertinents.

      Vincent

  4. CHANLIAUD Bernard dit :

    J’aime bien ça :
     » La post-vérité est déjà toute entière contenue dans la croissance infinie, à plus forte raison dans la croissance verte mais finalement dans n’importe quelle « solution » à un problème qui ne peut en avoir. »

    Mais j’aime aussi ça, par ailleurs :
     » L’homme ne se pose que des problèmes qu’il peut résoudre  » (c’est peut-être une maxime typique de l’ère de la post-vérité !).

    Comme la majorité des humains d’hier et d’aujourd’hui, je serai mort à l’heure de l’épreuve de vérité (la mort de l’espèce… ou pas !).

    Ne pas savoir si « on » s’en sortira (et à quelles conditions), et s’en soucier, voilà qui met du piquant dans notre existence actuelle, quelle qu’elle soit ! (à la place du « piquant », si vous n’aimez pas ça, mettez « du sens »…).

    J’attends la suite du feuilleton de l’été, plus passionnant que  » le Mystère de la chambre jaune « …

    Vieux Charlie

    1. Vincent Mignerot dit :

      Bonjour Bernard,

      ”L’homme ne se pose que des problèmes qu’il peut résoudre”

      En effet, je crains comme vous que ceux qui se posent à lui contre son gré… il ne puisse pas les résoudre !

      Au plaisir Bernard de prolonger les échanges.

      Vincent.

      1. Laurent dit :

        « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. »

        Jacques Rouxel (papa des Shadoks)

        1. Vincent Mignerot dit :

          Je ne saurais mieux dire 🙂

        2. Se Moncho dit :

          En anglais on peut dire:
          « If there isn’t a solution, there isn’t a problem, what you have is a predicament ».

          Il n’y a pas bons solutions pour un « predicament », quelquefois on peut trouver la solution le moins pire.

  5. Huot dit :

    Bel article, Vincent! Décidément, tu me fais réfléchir. Ca aurait été trop long à développer ici alors voilà le lien vers mes réflexions : http://ohmymahu-blog.tumblr.com/post/164250435156/activer-le-désir

  6. Tanguy dit :

    Merci pour ton texte, très enrichissant ! Je suis moi-même actuellement en train de créer une plateforme http://smogey.org/, elle aura pour but de conscientiser citoyens et entreprises à la réduction de notre impact sur l’environnement… J’espère qu’elle fera réfléchir autant que ton écrit

    1. Vincent Mignerot dit :

      Merci beaucoup Tanguy !

      Hâte d’en découvrir plus sur http://smogey.org/. N’hésite pas à nous tenir informés des avancées.

      1. Tanguy dit :

        Avec plaisir ! 🙂

  7. Hubert Houdoy dit :

    Il me semble que des formules comme :
    ”L’homme ne se pose que des problèmes qu’il peut résoudre”
    « S’il y a un problème, c’est qu’il y a une solution »
    sont des naïvetés qui nous viennent de l’époque où, enfants, nous trouvions nos problèmes de mathématiques insolubles et que nos parents, qui ne pouvaient ou ne voulaient les résoudre à notre place nous disaient : « Si on t’a posé ce problème, c’est qu’il y a une solution ».
    De là à penser que la nature est notre père ou notre mère…..

  8. Hubert Houdoy dit :

    La construction du mot « post-vérité » fait référence à la post-modernité, autour de Jacques Derrida.
    Néanmoins, le mot post-vérité est ambigü, car si on sait bien ce qu’est un mensonge (« ne pas dire ce que l’on sait être réel »), on ne sait pas ce qu’est la vérité.
    Seuls les paranoïaques disent : « la vérité, c’est ce que je dis, parce que, moi, je le sais (puisque Dieu me l’a dit)».
    En réalité, la post-vérité ne s’attaque pas à la prétention de vérité de la religion (dogme), mais à l’espoir de s’approcher d’une connaissance de la réalité indépendante, qui est le projet d’intelligibilité de la science.
    En pratique, l’idéologie de la post-vérité justifie les mensonges des militants de tous bords, puisque la fin justifie les moyens.
    Le mot post-vérité signifie « il n’y a plus de remord à mentir et le ridicule des assertions ne tue plus ».
    Cela nous éloigne d’autant plus de la connaissance de la situation à laquelle nous devons faire face.

  9. Hubert Houdoy dit :

    Bonjour Vincent Mignerot,
    Vous écrivez : « la vie s’est autodétruite continuellement et a pu aussi s’autodétruire massivement, ce qui disqualifie le terme protection ».
    De fait, le slogan « sauvez la planète » est déplacé puisque la planète ne craint rien pendant 4 milliards d’années et que c’est l’espèce humaine qui est en danger de disparition.
    Mais l’autodestruction perpétuelle de la vie disqualifie aussi l’emploi du terme « auto-organisation », mis à toutes les sauces à propos des structures dissipatives. Dans le dispositif de Bénard, il y a d’abord conduction, puis, si on maintient la convection dans une plage de température très étroite, on obtient l’apparition de « cellules de Bénard » qui donnent une sensation visuelle d’organisation. Mais si on augmente le gradient thermique, la même convection auto-détruit les cellules qu’elle avait construit. Le mot « auto-destruction » serait tout aussi justifié que le mot « auto-organisation ». C’est ce que je me dis chaque fois que je vois un cumulonimbus se résorber et le soleil briller à nouveau. Curieusement, dans cet usage fallacieux, c’est la Physique qui vient donner une image totalement erronée de la Biologie.
    C’est dire si le besoin de se raconter des histoires est prégnant.

    Henri Atlan a raison de vous comparer à Ludwig Wittgenstein.
    Je m’empresse de lire le texte suivant de votre Tractatus.

  10. Hubert Houdoy dit :

    Dans la mesure où il n’engage que lui et où, vu son âge, ses ans sont comptés, rien n’interdit à un individu de réduire volontairement son emprise. S’il y a un âge pour l’emprise, il y a aussi un âge pour la déprise. Et cela me semble une sagesse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *